Ce n’était pas le premier attentat survenant dans une mosquée au Pakistan, où les rivalités entre militants d’obédience sunnite et chiite ont parfois pris une tournure sanglante. Mais l’attentat du 11 avril 2006 à Karachi revêtait un caractère inhabituel, souligne l’expert indien B. Raman (South Asia Analysis Group, 13 avril 2006): il a tué les principaux dirigeants du Sunni Tehrik, une organisation sunnite pakistanaise anti-déobandie, anti-wahhabite et anti-salafie. Les membres du Sunni Tehrik sont généralement d’obédience barelvie et opposés aux courants jihadistes, explique Raman. Cet attentat surviendrait sur un arrière-plan de rivalités entre musulmans déobandis et barelvis depuis une quinzaine d’années pour le contrôle de mosquées et des approts financiers en provenance de la diaspora musulmane pakistanaise. Raman rappelle que les adversaires du Sunni Tehrik ont accusé cette organisation d’être à la solde de l’Iran, car le régime de Téhéran est inquiet de voir se propager au Pakistan des courants islamiques radicaux également anti-chiites.