La commission d’enquête sur les deux avions qui se sont écrasés le 24 août 2004 en Russie privilégie maintenant une thèse liée à la présence d’explosifs.
RIA-NOVOSTI, 30 août 2004 — Un Tu-134 et un Tu-154 se sont écrasés presque simultanément, le 24 août 2004, dans les régions de Toula et de Rostov-sur-le-Don, faisant 89 morts. Tous deux avaient décollé de l’aéroport moscovite de Domodedovo. Le TU-134, affrété par la compagnie Volga – Aviaexpress devait se rendre à Volgograd et a disparu des radars à 22 heures 56. Il avait à bord 35 passagers et 8 membres d’équipage. Le TU-154, qui effectuait un vol Moscou – Sotchi pour le compte de la compagnie Sibir, s’est écrasé trois minutes plus tard, à quelque 138 km. de Rostov. Il transportait 46 personnes, dont 8 membres d’équipage.
Vladimir Poutine, revenu précipitamment de Sotchi, a exprimé ses condoléances aux proches des victimes et décrété le 26 août journée de deuil national. Il a tenu une réunion au Kremlin le 25 août et assuré qu’une aide serait apportée à toutes les familles des victimes.
Le FSB a été chargé de l’enquête. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans tous les aéroports. Vladimir Poutine a demandé au gouvernement de préparer une modification de la loi afin de transférer au ministère de l’Intérieur le soin de garantir la sécurité des aéroports et de contrôler les passagers avant l’embarquement. Il a, par ailleurs, confié au ministre des transports, Igor Levitine, le soin de diriger la commission d’Etat chargée d’établir les causes de la catastrophe.
Le 25 août, le ministre des transports confirmait que plusieurs hypothèses étaient envisagées, dont “le facteur humain et l’état des appareils”, mais qu’aucune n’était “prioritaire par rapport aux autres”. Le même jour, le FSB déclarait que l’analyse préliminaire des débris de l’avion n’avait pas permis de confirmer l’hypothèse d’un attentat et que toutes les pistes étaient explorées. Les cinq boites noires avaient été retrouvées, mais leur décryptage s’avérait difficile du fait du mauvais état des bandes.
Le 27 août, toutefois, le FSB faisait savoir que des traces d’explosif avaient été retrouvées dans l’épave du TU-154. Selon les premières constations, il s’agirait d’hexogène, un explosif qui avait déjà été utilisé par les terroristes lors des attentats de Moscou en septembre 1999. Un peu plus tard, des traces d’explosif étaient également retrouvées dans les débris du TU-134.
Le même jour, Igor Levitine annonçait la fin des opérations de sauvetage et de recherche, et déclarait que les deux catastrophes étaient liées entre elles. Un responsable haut placé du ministère tchétchène de l’Intérieur confirmait avoir reçu de Moscou une demande d’information sur deux femmes natives de Tchétchénie, qui figurent parmi les victimes. Pour l’une d’entre elles, passagère du TU-134, il a été confirmé qu’aucun appel téléphonique, ni de parents, ni d’amis, n’avait été enregistré.
Le 30 août, Igor Levitine annonçait que la commission qu’il dirige privilégiait désormais une thèse liée à la présence de traces d’explosifs. Le décryptage des boîtes noires a permis d’établir que les avions avaient été détruits en altitude. En ce qui concerne le signal SOS émis par le TU-154 et reçu au sol, il semble avéré maintenant que le signal s’est actionné spontanément, après que le fuselage s’est brisé. Le décryptage des boites noires ne permet pas d’en savoir plus sur la nature de l’engin explosif utilisé.
L’important, maintenant, consiste à coordonner le travail des commissions sur place avec celui des experts du comité interétatique de l’aviation. Et, a ajouté Igor Levitine, la commission aura besoin d’un mois ou un mois et demi pour rédiger ses conclusions définitives.
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