Le mercredi 11 septembre 2002, vers 21h15 (heure locale) une explosion s’est produite à Addis Abeba, dans l’Hôtel Tigray, faisant cinq morts et plus de trente blessés. Accident ou attentat? L’incertitude a régné d’abord, mais la police éthiopienne semble maintenant convaincue qu’il s’agissait d’un attentat et accuse le Front de libération oromo (Oromo Liberation Front, OLF) d’être à l’origine de ces faits. Le mouvement réfute en revanche énergiquement ces accusations. Plusieurs arrestations ont eu lieu.
Les personnes qui se trouvaient dans l’Hôtel Tigray le 11 septembre 2002 y célébraient le Nouvel An éthiopien. Selon certains témoins, trois explosions se seraient produites à faible intervalle, détruisant en grande partie le bâtiment. L’hôtel avait été la cible d’une attaque à la grenade attribuée à des membres du Front de libération oromo il y a cinq ans.
Les premiers commentaires furent prudents quant aux causes des explosions. La radio nationale éthiopienne évoqua un accident. La présence de bonbonnes de gaz fut mentionnée.
Cependant, le 23 septembre 2002, le premier ministre Meles Zenawi confirma les rumeurs faisant état de l’arrestation de plusieurs membres du Front de libération oromo en lien avec cet incident. A noter que l’armée éthiopienne avait affirmé au début du mois de juillet avoir “complètement annihilé” les forces du Front de libération oromo, infiltrées depuis le Soudan. Le Front était originellement allié aux forces qui avaient pris le pouvoir en Ethiopie en 1991 et renversé le régime marxiste qui la contrôlait à cette époque. Le Front s’était cependant rapidement distancié de ses alliés. Les Oromos forment 40% de la population du pays, mais le Front estime qu’ils sont discriminés.
Installé à Washington, le bureau d’information du Front de libération oromo dément cependant toute implication dans un long communiqué publié le 23 septembre. Il estime qu’il s’agit d’une tentative du gouvernement éthiopien d’exploiter la carte de la lutte contre le terrorisme.
Le Front reconnaît en revanche que ses militants sont à l’origine de l’attentat à la bombe du mois de juin à Dire Dawa, dans l’Est du pays. Cet attentat – qui n’avait fait aucune victime – visait un immeuble des chemins de fer éthiopiens. Le Front affirme ne s’en prendre qu’à des cibles soigneusement sélectionnés et refuser toute acte de violence contre des civils. Dans un communiqué du 17 septembre, le Front déclarait:
“Notre organisation considère le terrorisme sous toutes ses formes comme un acte de désespoir. Le Front de libération oromo adopte une position sans équivoque contre le terrorisme et s’oppose au terrorisme comme moyen pour atteindre des objectifs politiques.”
Lors d’une réunion du conseil exécutif du Front de libération oromo, qui s’était tenue du 22 au 29 août 2002, le groupe avait annoncé son intention d’intensifier sa lutte, mais en affirmant son opposition au terrorisme. Dans l’actuel contexte de la “guerre contre le terrorisme”, nombreux sont les groupes de guérilla désireux d’éviter toute association avec une étiquette terroriste.
Plusieurs autres groupes armés luttent contre l’actuel gouvernement éthiopien. Les groupes nationalistes oromos eux-même ne sont pas unis, en dépit de la tentative de créer des United Liberation Forces of Oromiya (ULFO).