Situation paradoxale dans le contexte actuel des préoccupations autour du terrorisme: une association française d’entraide pour les victimes du terrorisme est menacée de devoir fermer ses portes, faute de liquidités. Cette association se constitue pourtant partie civile lors de procès consécutifs à des actes de terrorisme et avait organisé au mois de février 2002 à Paris un important colloque qui avait réuni plus de 600 participants.
L’émergence et la reconnaissance de catégorie de “victime” constitue une phénomène contemporain notable: le statut de victime est de plus en plus reconnu dans différents domaines (avec la compensation du préjudice subi qui peut découler de ce statut), et l’ont voit même apparaître une nouvelle discipline, la “victimologie”. Mais des victimes créent également des associations afin de faire valoir leur point de vue, mais aussi de fournir une assistance à celles et ceux qui connaissent un sort semblable.
C’est ainsi qu’avait été créée en France, le 24 janvier 1986, SOS Attentats, à l’initiative notamment de son actuelle déléguée générale, Françoise Rudetzki, elle-même gravement blessée lors d’un attentat le 23 décembre 1983: il s’agissait de l’attentat survenu au restaurant parisien Le Grand Véfour, attentat jamais revendiqué et dont les auteurs ne furent jamais identifiés.
Association créée par des victimes et pour les victimes, SOS Attentats n’offre pas simplement un appui juridique, mais a également créé une cellule psychologique pour venir en aide aux victimes et à leurs familles. Elle peut également être considérée comme un groupe de pression visant à ce que justice soit rendue et à ce que des mesures soient prises pour rendre plus efficaces les poursuites.
L’association SOS Attentats est ou a été active dans plus de 50 procédures judiciaires: par exemple le procès des attentats survenus à Paris en 1995 (trois attentats dans des stations de métro ou de RER), procès qui doit se dérouler du 1er au 31 octobre 2002.
Or, au début de l’été 2002, SOS Attentats lançait un appel à l’aide et décidait, pour la première fois, de solliciter l’aide du public: en effet, l’association déclarait ne plus être en mesure de faire face à ses charges financières (frais d’avocats, etc.).
Malgré cet appel à l’aide, la situation ne semble pas s’être arrangée, comme l’explique un article paru dans La Dépêche du Midi du 25 septembre 2002. L’association SOS Attentats, explique sa responsable, craint de devoir mettre un terme à ses activités. Les subventions qui lui sont données par l’Etat et la Mairie de Paris sont restées inchangées, affirme-t-elle, depuis 1986. L’Etat met également à disposition de SOS Attentats un minuscule local de 8 mètres carrés… Françoise Rudetzki avertit: si aucune formule de soutien durable ne peut être trouvée, le procès des auteurs des attentats de 1995 pourrait être la dernière procédure judiciaire dans laquelle l’association sera engagée.