Les attentats de juillet 2005 à Londres ont soulevé de nombreuses questions, notamment de savoir qui avait aidé les terroristes et s’ils avaient ou non fabriqué eux-mêmes leurs bombes. Nul doute que l’enquête répondra à ces questions. En attendant, des sites offrent des modes d’emploi détaillés pour aspirants moudjahidines.
La question de l’utilisation d’Internet par les groupes djihadistes est devenue ces dernières semaines un sujet très chaud dans les médias anglo-saxons. Le Washington Post a consacré une série en trois parties à ce sujet, mettant également à disposition sur son site des extraits de propagande en ligne, accompagnés d’analyses et commentaires par des experts.
A côté des sites de propagande, il en est cependant qui offrent aux apprentis terroristes des connaissances plus concrètes pour développer leurs “talents”. Certes, ce n’est pas nouveau: il existe depuis longtemps des manuels de ce type circulant – sous forme imprimée ou, plus récemment, en ligne – dans des mouvances anarchistes ou autres groupes extrémistes en Occident également.
Cependant, aucun de ces manuels n’atteignait probablement l’abondance d’informations redoutables offertes par certains sites djihadistes. L’excellent Terrorism Focus publié par la Jamestown Foundation en présente un exemple dans son dernier numéro (5 août 2005).
Même si l’habitude de Terrorisme.net est de fournir à ses lecteurs les liens vers les sites qu’il mentionne, y compris les sites les plus radicaux, nous ferons cette fois-ci une exception et ne dévoilerons pas l’URL du site: bien qu’il soit en arabe, ce qui en limite l’accès aux personnes parlant cette langue, et bien qu’il soit connu sur certains forums djihadistes, nous ne voulons pas porter la responsabilité morale d’avoir éventuellement aidé à la préparation d’actes terroristes!
Sur un fond noir de mauvais augure, la section “explosifs” du site mêle textes en arabe et formules chimiques. Il offre des recettes détaillées pour la préparation de matériel destiné à des attentats, accompagnées de quelques photographies de démonstration. A vrai dire, les informations fournies demandent quelques solides connaissances de base et ne pourraient probablement pas être utilisées par le premier venu.
Comme c’est souvent le cas sur les sites jihadistes, nombre de liens fournis sur le site ne sont plus accessibles. Les adresses changent souvent, et les suivre relève d’un véritable jeu de piste. Cela dit, des forums spécialisés fournissent une aide aux amateurs, avec des participants qui semblent toujours savoir comment trouver le dernier lien “utile”. Même en français, d’ailleurs: si le site Ansaar, auquel Terrorisme.net avait consacré un article en octobre 2004, a disparu quelque temps plus tard, d’autres sont venus prendre sa relève
S’il est toujours assez inquiétant de découvrir des sites fournissant des recettes en ligne à des terroristes, on rencontre plus souvent ses usages de communication et de diffusion d’informations. Ou aussi, comme le souligne le premier article de la série du Washington Post (7 août 2005), le réseau Internet permet de stocker en ligne des informations plutôt que de les transporter sur soi, garantissant donc une plus grande sécurité. Internet permet à la fois d’ignorer les limites spatiales et de bénéficier d’un certain anonymat, à condition de respecter certaines règles de prudence (et de cryptage pour les données sensibles). Certains experts évoquent les possibilités de formation en ligne, même s’il reste à voir dans quelle mesure cela peut véritablement remplacer d’autres types de formation pour des membres de groupes terroristes.
Au cours des dernières années, des centaines de sites jihadistes sont apparus. Ce foisonnement contribue au développement d’un jihad mondialisé, avec différents cercles de sympathisants, plus ou moins éloignés des terroristes proprement dits, mais qui leur fournissent ce milieu de soutien toujours important pour un groupe rebelle. L’attention prêtée à ce phénomène depuis quelque temps est légitime.