Dans le cadre des grandes manoeuvres politico-militaires dont la “guerre contre le terrorisme” offre l’occasion, il convient de prêter attention aux efforts de l’Inde de développer des coopérations dans plusieurs directions, notamment avec des pays qui appartenaient hier à l’espace soviétique. Les préoccupations de politique régionale face au Pakistan n’y sont évidemment pas étrangères.
A l’occasion d’une visite de deux jours qu’il vient d’effectuer en Inde en ce début de mois de février 2003, Abdulaziz Komilov, ministre des Affaires étrangères de l’Ouzbékistan, ne s’est pas seulement intéressé à la coopération économique entre les deux pays, mais également à la collaboration qu’ils pourraient développer en matière de lutte contre le terrorisme.
Les deux pays ont convenu d’établir un groupe de travail pour la lutte contre le terrorisme, qui se réunira une fois par an et échangera des informations provenant de leurs services de renseignement respectifs.
Il convient de prêter attention aux efforts déployés par l’Inde en direction de l’Asie centrale: le terrorisme n’est qu’une pièce dans un puzzle géostratégique bien plus vaste. En effet, l’Inde a longtemps souffert d’un syndrome d’encerclement par la Chine et le Pakistan. Elle s’efforce de le prévenir, en développant par exemple de bonnes relations avec le nouveau gouvernement afghan (grâce aux bons contacts antérieurement cultivés avec l’Alliance du Nord). Mais l’Inde a également établi en mai 2002 une petite base aérienne militaire à Farkhor, au Tadjikistan, non loin de la frontière afghane. Le renforcement des relations avec l’Ouzbékistan depuis 2001 s’inscrit clairement dans ce cadre: la décision prise à la Nouvelle Delhi lors de la récente visite du ministre ouzbek des Affaires étrangères ne fait que concrétiser officiellement ces efforts. En Asie centrale, l’Inde entend s’affirmer de plus en plus comme acteur du “grand jeu”.
De façon plus générale, l’Inde s’est engagée depuis quelque temps dans une campagne diplomatique à l’enseigne de la lutte contre le terrorisme. En janvier 2003, un diplomate de carrière, Meera Shankar, a été nommé à la nouvelle fonction de coordinateur en matière de contre-terrorisme: son rôle devrait être d’attirer l’attention des autres pays sur l’approche adoptée par l’Inde dans ce domaine.
Le président pakistanais Pervez Musharraf entend bien sûr ne pas donner l’impression d’être en reste en matière de lutte contre le terrorisme, d’autant plus qu’il se trouve à la tête d’un pays qui suscite quelques interrogations: il vient d’achever une visite à Moscou et s’est engagé auprès de ses interlocuteurs russes à livrer les terroristes tchétchènes qui chercheraient refuge sur le territoire pakistanais…
© 2003 Terrorisme.net