Après avoir démantelé l’an dernier l’Organisation du 17 Novembre, la Grèce enregistre de nouveaux succès dans la lutte contre le terrorisme: c’est maintenant au tour de l’ELA (Lutte révolutionnaire du peuple) de se trouver décapitée.
Pendant longtemps, la Grèce a passé pour le pays européen dans lequel les terroristes avaient peu de risques de finir dans les mailles de la police. En mai 2000 encore, le magazine américain Time pouvait titrer sur l’incapacité de la Grèce à faire face à ce défi, stigmatiser l’inefficacité de la police et souligner que seule la Colombie enregistrait plus d’attentats contre des ressortissants américains.
Aujourd’hui, les choses ont manifestement changé. A l’heure où les Etats-Unis entendent mener à l’échelle mondiale la “guerre contre le terrorisme”, les groupes radicaux de la génération précédente – celle du terrorisme de l’extrême-gauche – sont en train de tomber. La perspective des Jeux olympiques de 2004 et la nécessité pour l’image de marque du pays de pouvoir garantir de sérieuses conditions en matière de sécurité contribuent sans nul doute fortement à la motivation grecque.
Après la chute du mythique “17 Novembre” en 2002, cette semaine voit s’amorcer la postface de l’histoire de l’ELA. En effet, trois hommes et une femme ont été arrêtés. Leur âge moyen dépasse 50 ans. Parmi eux, l’architecte Christos Tsigaridas, qui résidait dans une banlieue cossue d’Athènes et souffre d’un cancer des poumons. Il passe pour avoir été la cheville ouvrière de l’ELA, même s’il affirme aujourd’hui aux enquêteurs l’avoir quittée il y a plus de dix ans. Il admettrait sa responsabilité, tout en refusant de donner des précisions sur ses camarades, et affirme avoir voulu créer “un monde meilleur“.
Le groupe avait annoncé sa dissolution en 1995. Autant dire que ce sont des retraités du terrorisme qui se retrouvent maintenant sous les verrous, rattrapés par leur violent passé. Plus de cent attentats leur sont en effet attribués, entre 1975 et 1995, avec un bilan de deux morts et plusieurs dizaines de blessés, outre les dégâts matériels. Son fondateur présumé, Christos Kassimis, avait trouvé la mort dans une fusillade avec la police en 1977.
Ces arrestations n’ont surpris personne, car les noms de plusieurs suspects étaient déjà connus de la presse, à la suite de fuites d’origine policière. La semaine dernière, le premier parmi les anciens militants arrêtés, Angeletos Kanas (récemment élu maire de Kimolos, une île des Cyclades), s’était même défendu à la télévision face aux soupçons pesant sur lui.
Les médias grecs s’attendent maintenant à voir la police procéder prochainement à l’arrestation de membres de deux groupes considérés comme dissidents de l’ELA, les Noyaux révolutionnaire (actifs à partir de 1996, après l’interruption des activités de l’ELA, avec des orientations semblables) et le groupe du 1er Mai.
A noter que les archives de la Stasi est-allemande avaient livré d’intéressantes précisions sur l’ELA, dont les noms de code de ses responsables. L’enquête éclairera peut-être d’autres éléments, notamment les liens qui auraient existé entre différentes composantes du terrorisme d’extrême-gauche en Grèce: l’ELA passe pour avoir entretenu durant des années des liens avec l’Organisation du 17 Novembre. Des militants de l’ELA auraient également prêté assistance au célèbre “Carlos” pour des attentats commis en Grèce en 1983 et 1988.
Le procès de 19 personnes accusées d’appartenance à l’Organisation du 17 Novembre doit s’ouvrir le 3 mars.
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