Selon un nouveau rapport publié par un groupe d’experts des Nations Unies, on observerait des signes d’un regain d’activité dans des camps d’entraînement terroristes situés dans une zone reculée de l’Est de l’Afghanistan. Dans son dernier rapport, rendu public le 17 décembre, le groupe de l’ONU chargé de contrôler le suivi des sanctions contre Al Qaïda et les Talibans affirme avoir reçu des informations sur plusieurs nouveaux camps d’entraînement de petite taille et “très simples”.
Note de Terrorisme.net: le rapport auquel est consacré l’article qui suit est loin de faire l’unanimité: dans un article publié le 19 décembre 2002 sur le site de la BBC, Rahimullah Yusufzai, analyste chargé de l’Afghanistan auprès de la très réputée chaîne de radio britannique, rapporte que les affirmations du rapport sont accueillies avec prudence par plusieurs observateurs installés dans la région, qui soulignent qu’aucune autre source ne semble avoir connaissance de tels camps d’entraînement.
Le président du groupe d’experts, Michael Chandler, a expliqué aux journalistes que les camps semblent situés près d’Asadabad, une ville au nord de Jalalabad. Il a précisé que les forces de la coalition sous direction américaine avaient connaissance de l’existence de ces camps, mais que les terroristes qui les utilisent ne sont pas facilement repérables. “[Les terroristes] sont conscients que les forces de la coalition ont actuellement d’excellentes capacités de surveillance et il est donc improbable qu’ils aient quoi que ce soit qui pourrait attirer l’attention. Ils tendraient donc à garder tout cela aussi petit que possible, et également aussi discret et mobile que possible“, a dit Chandler.
Chandler a ajouté que le groupe d’experts était inquiet de la perspective de voir de nouvelles recrues rejoindre un réseau terroriste qui a déjà entraîné de nombreuses personnes qui courent toujours. “Ce qui se passe est qu’il y a plus de jeunes gens désillusionnés et qui ressentent peut-être quelque chose pour Al Qaïda – et ne nous cachons pas la réalité, les sympathies pour cette organisation sont actuellement largement répandues dans nombre de pays – [ces jeunes gens] sont heureux de se porter volontaires et de recevoir un entraînement. Ils croient que c’est quelque chose qu’ils devraient faire.”
Formé il y a près d’un an, le groupe d’experts de l’ONU a reçu du Conseil de sécurité la tâche de suivre les efforts des Etats membres pour geler les fonds appartenant à Al Qaïda et à ses associés et de mettre en place une interdiction de voyager et un embargo sur les armes.
Le dernier rapport déclare que les Etats ont fait des progrès pour contrarier le financement d’Al Qaïda et démanteler ses cellules. Mais il souligne en même temps que le groupe continue de recevoir des afflux de fonds ininterrompus et que beaucoup de ses éléments opérationnels restent en liberté et développent des alliances avec des groupes extrémistes nationaux ou régionaux.
Il a été particulièrement difficile de contrôler l’embargo sur les armes, a expliqué Chandler, en raison de la nature globale d’Al Qaïda. Il a ajouté que le groupe d’experts avait recommandé aux membres du Conseil de sécurité de placer l’Afghanistan au coeur des efforts d’embargo sur les armes, en raison d’indications claires que les membres d’Al Qaïda y obtiennent facilement des armes.
Chandler a précisé qu’un tel embargo n’inclurait pas les forces armées du gouvernement afghan, les forces de sécurité reconnues et les services de maintien de l’ordre. “Nous croyons que ceci sera une mesure utile pour réduire l’accès à des armes pour Al Qaïda et ce qui reste des Talibans, lesquels figurent également dans la résolution 1390 du Conseil de sécurité, qui ont régulièrement des escarmouches avec les forces de la coalition et qui, selon des rapports, continuent de recevoir des armes et des munitions.”
Les experts de l’ONU ont également exprimé des préoccupations quant au risque qu’Al Qaïda puisse se procurer du matériel nucléaire et construire une bombe sale.
Chandler a dit que le groupe n’avait aucune preuve de liens entre Al Qaïda et l’Irak. Mais il n’a pas caché être préoccupé par la prolifération d’armes de destruction de masse provenant d’autres régions, sur la base des films, manuels d’entraînement et autres documents saisis en Afghanistan après la chute des Talibans. “Pas besoin d’aller en Irak pour se procurer tout cela, Il y a beaucoup de matériel de ce genre dans d’autres parties du monde, et il peut probablement y être obtenu plus facilement.”
Le rapport du groupe d’experts affirme – sans les citer – que certains pays ont été réticents à livrer des noms à la commission du Conseil de sécurité mise sur pied pour le suivi des sanctions contre Al Qaïda. La liste officielle d’individus et entités associés à Al Qaïda établie par l’ONU compte plus de 300 noms, mais beaucoup manquent, selon le rapport.
Le rapport comprend une liste de plus de 100 personnes soupçonnées de liens avec Al Qaïda et demande aux Etats membres de fournir des informations sur ces personnes. On trouve dans la liste le seigneur de la guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar, dont les partisans sont soupçonnés d’être derrière plusieurs attaques contre les forces américaines en Afghanistan cette année.
Tout pays peut envoyer un nom de suspect à la commission du Conseil de sécurité.
Robert McMahon
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Publication originale: 18 décembre 2002.
Traduit de l’anglais par les soins de terrorisme.net