Le samedi 7 décembre 2002, des bombes ont explosé dans quatre cinémas de la ville de Mymensingh, au Bangladesh, à 110km au nord de la capitale, Dacca. 17 personnes au moins ont perdu la vie. Il y aurait en outre plus de 200 blessés. Un engin qui n’a pas explosé a en outre été retrouvé à Gaibandha.
La premier engin a explosé durant l’entracte au cinéma Ajanta, peu après 18h. Selon des sources locales, un garde a empêché d’entrer une personne qui portait un sac. L’inconnu est alors parti, en laissant le sac au garde. Celui-ci s’est retiré dans un bureau pour vérifier le contenu du sac: c’est alors que l’explosion s’est produite.
La seconde explosion se serait produite vers 18h45 au cinéma Chhayabani. Puis, en moins d’une trentaine de minutes, ce fut au tour des cinémas Purabi et Aloka de connaître même sort. Etant donné que ce pays à forte majorité musulmane se trouve dans les jours de fête de l’Eid-ul-Fitr (fin du Ramadan), les cinémas étaient bondés.
Les trois dernières bombes étaient placées sous les sièges. Cela signifie que les jambes des blessés ont particulièrement été touchées. Selon les premières déclarations de la police, il s’agirait d’engins assez élaborés, ce qui suscitait des doutes quant à une production locale. Mais ces affirmations demandent bien sûr encore à être vérifiées.
Un engin qui n’a pas explosé a en outre été découvert le 8 décembre dans un cinéma de Gaibandha, une localité située dans la même région. Cet engin explosif pesait 1,5 kilos. Comme les autres, il était placé sous un siège. Selon les forces de l’ordre, un simple contact aurait suffi à provoquer l’explosion et à causer des dégâts considérables.
A la suite de ces attentats, un vent de panique souffle sur Mymensingh. Selon des sources locales, les rues sont maintenant désertées la nuit, et nombre de magasins n’ouvrent pas. A travers tout le pays, les cinémas des grandes villes ont enregistré une chute du nombre de spectateurs, malgré des gardes armés postés aux entrées.
Il faut rappeler que plusieurs attentats à la bombe non élucidés ont frappé le Bangladesh depuis 1999 et ont déjà coûté la vie à plus de 100 personnes. Ainsi, le 28 septembre 2002, deux bombes avaient explosé à Satkhira, dans le Sud-Ouest du Bangladesh, et blessé une centaine de personnes.
A la suite des attentats du 7 décembre, une commission d’enquête judiciaire a été formée sous la responsabilité d’un ancien juge de la Cour suprême et devrait rendre ses conclusions dans un délai de trois semaines.
L’attentat a très vite été instrumentalisé dans le cadre des controverses politiques nationales. Ainsi le gouvernement a critiqué la principale formation de l’opposition dirigée par l’ancien premier ministre, Sheikh Hasina, en affirmant que ces formations politiques donnaient une mauvaise image du pays à l’étranger en accusant le Bangladesh de servir de repaire à des groupes tels qu’Al Qaïda. Le 8 décembre, le premier ministre actuel, Khaleda Zia, a même laissé entendre que ceux qui se trouvaient impliqués dans ces “campagnes contre le Bangladesh” semblaient avoir “des liens avec de tels incidents terroristes“. Deux dirigeants de l’opposition ont même été arrêtés.
La Ligue Awami a appelé le 9 décembre à une grève dans tout le pays pour réagir à ces accusations indirectes. Elle accuse pour sa part le parti islamiste Jamaat-e-Islami, qui soutient le gouvernement actuel.
Bien entendu, ces accusations et contre-accusations en disent manifestement plus sur les tensions politiques au Bangladesh que sur les auteurs des attentats.
Le gouvernement du Bangladesh est d’autant plus nerveux actuellement face à des rumeurs sur des activités de groupes islamistes radicaux que des sources proches de services de renseignement indien ont récemment suggéré que le numéro 2 d’Al Qaïda, Ayman al-Zawahiri, se trouverait au Bangladesh – des affirmations généralement accueillies avec scepticisme.