Un attentat commis le 18 novembre 2002 dans l’Andhra Pradesh par le People’s War Group (PWG, maoïste) a coûté la vie à 14 pasagers d’un bus. Les militants du PWG croyaient que des membres de la police avaient pris place à l’intérieur du véhicule. Mais celui-ci ne transportait que des civils. Trois jours plus tard, le PWG a présenté ses excuses pour son erreur: l’attentat “est l’une des plus graves erreurs dans l’histoire du mouvement révolutionnaire“.
Même si les catégories sont souvent confondues, certains groupes de guérilla considèrent que leur lutte politique (indépendantiste ou idéologique) interdit le terrorisme: lorsqu’ils s’en prennent à des soldats ou policiers en uniformes, ils estiment se livrer à une action de guerre, à une opération militaire. En revanche, ils considèrent que s’en prendre à des civils va à l’encontre de leurs principes – et, surtout, dessert leur cause.
Tel est le cas du PWG maoïste, actif dans plusieurs Etats de l’Inde orientale. Le bus qui circulait entre 20h et 21h sur une route d’une région forestière dense du district de Warrangal, dans l’Etat indien de l’Andhra Pradesh, ne transportait pas un seul policier lorsqu’il a sauté sur une mine, contrairement à ce que pensaient les militants du PWG. En fait, les victimes sont surtout des membres des populations tribales, c’est-à-dire des personnes appartenant aux couches les plus défavorisées, dont le PWG affirme défendre la cause.
Ce n’est pas la première erreur commise par le PWG. En 1990, il avait mis le feu à un train, faisant 46 victimes. En décembre 2001, des militants du PWG avaient abattu un dirigeant politique tribal – par erreur, avaient déclaré par la suite des représentants du groupe maoïste, qui avait présenté ses excuses déjà lors de ces fâcheux précédents.
Le PWG l’a fait à nouveau cette fois-ci, en envoyant un communiqué à la rédaction d’un journal local. Il a souligné que les policiers, et non des civils, étaient sa cible. Plusieurs observateurs estiment que cette erreur pourrait affaiblir le groupe, malgré ses tentatives de se justifier, alors que la police a réussi ces derniers temps à éliminer plusieurs de ses dirigeants et à obtenir la reddition de certains de ses militants.
Il ne faut cependant pas en conclure trop vite que le PWG va maintenant s’effondrer. Comme pour le prouver, le PWG a d’ailleurs fait sauter le 20 novembre 2002 une station de chemin de fer dans le district de Guntur.
Constitué en 1980 dans l’Andhra Pradesh par l’un des membres du Comité central du Parti communiste de l’Inde – marxiste-léniniste (CPI-MIL), le PWG entend organiser des insurrections paysannes comme prélude à la marche vers la prise du pouvoir. Avant lui, d’autres groupes d’orientation communiste l’avaient déjà précédé dans la voie du combat armé dans cet Etat. Le PWG a été officiellement interdit dans l’Andhra Pradesh en 1992. Cette interdiction a été renouvelée pour la dernière fois en juillet 2002, en dépit de certaines tentatives de dialogue entre le gouvernement et les rebelles.
Les autorités de l’Andhra Pradesh disent rester ouvertes à un dialogue avec le PWG pour trouver une solution pacifique. En même temps, elles craignent qu’une trêve ne soit utilisée par le groupe maoïste pour refaire ses forces avant de reprendre ses actions violentes. A tort ou à raison, le gouvernement de l’Andhra Pradesh affirme en outre – peut-être aussi pour “désenclaver” ce problème et lui donner une dimension nationale – que le PWG aspire à créer un “couloir” à travers l’Inde jusqu’au Népal, afin d’y réaliser sa jonction avec la puissance guérilla maoïste active dans ce pays.