Le dimanche 3 novembre, à la veille de la grande fête indienne de Diwali, la police de Delhi a abattu deux hommes dans un centre commercial très fréquenté de la capitale de l’Inde. Selon la police, ces deux hommes auraient appartenu à un groupe islamique extrémiste et s’apprêtaient à commettre un massacre dans ce lieu public.
Pour des groupes terroristes ou des individus isolés (comme on l’a vu lors d’un récent attentat à la bombe qui a coûté la vie à son jeune auteur en Finlande) désireux de causer de gros dégâts ou d’effrayer la population en perturbant son existence quotidienne dans des activités banales, les centres commerciaux, avec leurs concentrations de visiteurs, représentent des cibles tentantes.
Selon la police, des informations avaient permis de déterminer que des terroristes s’apprêtaient à frapper ce jour-là soit à l’Ansal Plaza – où la fusillade s’est produite – soit au marché de South Extension. Une cinquantaine d’hommes appartenant à la cellule spéciale de la police de Delhi avaient donc été déployés, indiquent les sources policières. L’Ansal Plaza compte quelque 200 magasins et restaurants.
Les deux hommes seraient arrivés vers 19h, dans une voiture d’un modèle très courant. Au moment où les policiers leur demandèrent d’ouvrir le sac qu’ils portaient pour l’inspecter, les deux suspects auraient tenté de prendre la fuite et tiré sur les policiers. Ce fut à ce moment que la police ouvrit le feu. L’incident s’est produit sur le parking: en dehors des terroristes tués et de quelques vitres de voiture brisés, la fusillade n’a fait aucun autre mort ou blessé. A la veille d’une fête, le centre commercial était bondé à ce moment.
La police de Delhi affirme avoir identifié les deux hommes abattus le 3 novembre: ils se nommeraient Dawood Ali et Ezaz Ahmad, seraient originaires du Pendjab pakistanais et appartiendraient au Lashkar-e-Taiba, un groupe islamiste radical pakistanais, d’ailleurs interdit par le gouvernement de Lahore au début de l’année, même si les observateurs étrangers affirment que cela ne l’empêche pas de poursuivre ses activités. L’objectif des assaillants aurait été d’ouvrir le feu sur les visiteurs pour causer un maximum de dégâts. Leurs carnets, qui ont été retrouvés, exprimaient des idées de revanche, affirment les enquêteurs. Les préparatifs de l’attentat auraient duré depuis trois mois.
Cependant, il demeure quelques incertitudes quant au déroulement des événements. La National Human Rights Commission (NHRC) a d’ailleurs demandé des éclaircissements, à la suite du témoignage d’un médecin présent par hasard sur les lieux et contredisant la version officielle: selon ses observations, les deux hommes n’auraient pas été armés et n’auraient donc pas répliqué aux tirs de la police. La police affirme en revanche que les deux hommes étaient équipés d’un fusil d’assaut AK-56, de deux pistolets, de munitions, d’une carte de Delhi indiquant plusieurs centres commerciaux et d’une téléphone mobile. Pour l’instant, nous relatons donc les faits survenus à Delhi avec les réserves d’usage.
A la suite de cet incident, des mesures de protection renforcées ont été immédiatement mises en oeuvre sur plusieurs lieux. A Mumbai (Bombay), des lieux de culte ont notamment fait l’objet d’une surveillance particulière, chacun gardant en mémoire l’attentat du mois de septembre contre des visiteurs d’un temple du mouvement Swaminarayan dans le Gujarat.
Dans le cadre des mesures destinées à prévenir le terrorisme en Inde, la police commence aussi à vérifier l’identité et les antécédents des nouveaux locataires dans certains quartiers de Mumbai. Les deux terroristes éliminés à Delhi s’étaient en effet rendus dans cette ville, selon des sources policières. Mumbai pourrait d’autant plus représenter une cible tentante que cette ville est, d’une part, le grand centre économique du pays (sans oublier la présence d’installations pétrolières) et, d’autre part, abrite le siège d’un groupe nationaliste hindou connu pour ses positions dures, le Shiv Sena. Les mesures prises peuvent être utiles non seulement dans le cadre de la prévention du terrorisme, mais également de la lutte contre la criminalité.