Le président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, a ordonné la formation d’un comité comprenant notamment des personnalités religieuses afin de guider les jeunes Yéménites – en particulier ceux qui reviennent de l’Afghanistan – dans leur compréhension de la foi islamique.
Le Yémen est souvent cité depuis que l’attention des médias internationaux est braquée sur Al Qaïda et les réseaux de l’islamisme radical. Les Etats-Unis n’oublient pas l’attentat contre le USS Cole dans le port d’Aden, le 12 octobre 2000 (17 victimes américaines), et insistent beaucoup pour que le gouvernement yéménite soutienne pleinement leur campagne contre le terrorisme. Il semble que les autorités yéménites coopèrent, malgré les frictions qui avaient surgi lors de l’enquête sur l’affaire du Cole – frictions en partie provoquées par l’attitude jugée arrogante des agents du FBI débarqués alors en force au Yémen.
Depuis le 11 septembre, en revanche, la collaboration semble s’être améliorée. Un groupe de soldats des forces spéciales américaines entraînerait depuis plusieurs semaines déjà l’unité antiterroriste de l’armée yéménite. En même temps, le gouvernement est désireux d’éviter de provoquer des insurrections dans les zones contrôlées par des clans bien armés: le pays a déjà une histoire récente agitée.
C’est surtout l’implication de différents citoyens yéménites dans des activités extrémistes au cours des dernières années qui explique que le nom du pays revienne fréquemment dans l’actualité: plusieurs détenus de Guantanamo sont des Yéménites, des porteurs de passeports yéménites se trouvaient également parmi les suspects des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998. Rappelons que la famille ben Laden elle-même est d’origine yéménite: le père du célèbre activiste avait immigré en Arabie saoudite dans les années 1950. Les sympathisants d’Oussama ben Laden ne manquent pas au Yémen (ce qui ne signifie pas nécessairement des liens avec Al Qaïda).
Au milieu du mois d’août, des informations de source policière pakistanaise laissaient entendre que les assassins de Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal kidnappé au Pakistan au mois de janvier, pourraient avoir été trois Yéménites, selon des confessions recueillies au cours de l’enquête.
Le 9 août dernier encore, deux hommes ont péri dans l’explosion prématurée d’une bombe dans un quartier de Sana’a, alors qu’ils étaient apparemment en train d’y préparer un engin explosif; selon des sources yéménites, l’un d’eux aurait été un ancien combattant en Tchétchénie. Plusieurs armes et explosifs auraient été retrouvés sur les lieux.
Quelques jours plus tôt, on apprenait qu’un décret présidentiel avait décidé la création d’une Agence nationale de sécurité, directement subordonnée au président, qui devrait travailler en liaison avec les services de renseignements nationaux et étrangers. La lutte contre le terrorisme sera l’une des priorités de ce nouvel organisme.

Ali Abdullah Saleh, président du Yémen.
Dans une allocution prononcée le 26 août 2002 devant le Congrès général du peuple, le président Ali Abdullah Saleh a appelé les membres fugitifs d’Al Qaïda et du Jihad à se rendre, en leur promettant qu’ils ne seraient pas livrés aux Etats-Unis s’ils le faisaient. lançant probablement un message à ceux de ses concitoyens qui s’irritent de la collaboration développée avec les Etats-Unis, il a souligné qu’il n’accepterait l’interférence d’aucun Etat étranger dans les affaires intérieures du Yémen.
Le président Saleh a reconnu que des suspects se trouvaient encore en fuite. Mais il a aussi souligné que plusieurs membres des groupes radicaux et avaient simplement choisi une mauvaise orientation, sans en mesurer pleinement les conséquences.
Quand on leur demande pourquoi ils sont allés en Afghanistan, ces activistes l’expliqueraient simplement par leur désir d’entrer dans la voie du jihad (ce qui souligne au passage l’importance de la motivation religieuse chez nombre de militants jihadistes).
Pour engager un dialogue et rectifier les choix de ces gens, le gouvernement yéménite a décidé de former un comité d’hommes de religion. Ils seront chargé de discuter avec les militants radicaux, spécialement avec les jeunes Yéménites qui reviennent de l’Afghanistan, afin de “les orienter avec les pensées et concepts corrects de la religion islamique“. Les rencontres devraient commencer dès le début du mois de septembre; ce dialogue devrait d’abord se dérouler avec des militants revenus d’Afghanistan après le 11 septembre et placés en détention depuis ce moment.