De manière similaire aux incendies de Cadenazzo et Giubiasco en Suisse, c’est un incendie criminel qui a provoqué une soudaine attention sur le mouvement radical de libération des animaux en France. En effet, le 7 mai 2007, des activistes revendiquaient avoir bouté le feu au siège de l’entreprise Techniplast dans la région lyonnaise. Celle-ci fournit cages et du matériel à l’un des principaux acteurs mondiaux d’expérimentation sur les animaux, Huntingdon Life Sciences, cible du mouvement de libération des animaux depuis plusieurs années. – Dans la présente contribution, Terrorisme.net propose quelques éléments d’analyse du mouvement de libération des animaux dans l’Hexagone. Nous prêterons notamment attention aux causes revendiquées par les activistes, à la répartition géographique des actions ainsi qu’aux techniques employées par le mouvement en France. Ces éléments sont tirés d’une analyse des revendications mises en ligne par les activistes sur le site Bite Back Magazine.
Les premières actions revendiquées sur le site Bite Back Magazine pour l’Hexagone ont lieu en juillet 2002: il s’agit de l’incendie criminel d’un Mc Donald dans la région de Grenoble. Comme il est fort possible que cet incendie ne soit pas lié directement au mouvement de libération des animaux, mais à d’autres motifs (lutte contre la mondialisation ou action perpétrée par des personnes locales qui ne désiraient pas d’un tel voisinage), il ne sera pas pris en considération.
En novembre 2002, une autre action est revendiquée, qui semble plus en rapport avec la cause animale: la libération de mille visons dans une ferme d’élevage à Thionville, près de la frontière allemande. Après ces deux actions, aucune activité ne sera signalée sur le site Bite Back Magazine avant le début de l’année 2005: le 8 janvier 2005, 150 vitrines de magasins de fourrure sont taguées par un groupe appelé «groupe de libération animale surprise» dans la région parisienne.
En termes statistiques, on constate une nette progression des actions entre 2005 et 2006: de 11 revendications en 2005, on passe à 42 en 2006. A la date du 7 juin 2007, les activistes avaient revendiqué 23 actions pour la seule année 2007, ce qui en fera probablement une année record.
1. Répartition géographique
1.1 Région parisienne
On observe deux centre d’activités importantes: d’une part, Paris et sa région (par «région parisienne» nous entendrons ici un cercle d’une centaine de kilomètres autour de la capitale, zone incluant les départements de Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et de l’Essonne) et le sud de la France, notamment les régions de Toulouse, Perpignan, ainsi que de la région bordelaise. En termes statistiques, sur un total de 77 actions revendiquées entre 2002 et le début juin 2007, 42 actions ont eu lieu dans la région parisienne, soit 55 % du total.
On constate également que la proportion d’actions en région parisienne a fortement baissé ces dernières années: alors qu’elle était de 73% en 2005, elle est passée à 57% en 2006 et à 43% en 2007 (chiffre provisoire).
Il est intéressant de noter que l’on a observé ces derniers mois une extension géographique des activités de l’ALF à partir du sud de la Franceet vers l’ouest – c’est-à-dire dans la région qui va de Montpellier à Perpignan, puis vers le sud-ouest, en incluant également les deux villes de Toulouse et de Bordeaux – qui explique la baisse du pourcentage en région parisienne. Comme nous le verrons dans les lignes qui vont suivre, ce développement commence dans un premier temps dans une zone comprise entre Perpignan et Narbonne, pour se diriger ensuite vers l’ouest et remonter un peu vers le nord (Toulouse, puis Bordeaux).
1.2 Du sud vers le sud-ouest
Les premières actions sont revendiquées à la fin août 2005 dans une ferme d’élevage de poules des Pyrénées orientales à Roquefort des Corbières, dans la région de Narbonne. En janvier 2006, un bus scolaire est brûlé dans la ville d’Arles (entre Marseille et Montpellier, à environ 200 kilomètres de Narbonne) en hommage à Bill Rodgers, un activiste de l’ALF mort en prison.
Un mois plus tard, en février 2006, plusieurs camions d’UPS sont également visés près de Montpellier. Sur la base de la proximité géographique de ces deux dernières actions, on peut supposer qu’elles ont été executées par une même cellule active dans la région.
En avril 2006, on observe un cas de «tourisme de la libération animale», puisque ce sont deux activistes de l’ALF «Dublin Division» qui revendiquent la libération de deux belettes à Saint-André, près de Perpignan (en ce qui concerne le tourisme de la libération animale, on se souvient également que l’activiste américain Rod Coronado avait avoué après plusieurs années avoir attaqué des bateaux de pêche à la baleine… en Islande!)
Près de Perpignan toujours, la statue d’un torero est brûlée en juillet 2006, à Millas
Les actions se déplacent alors vers l’ouest: dix jours plus tard, des activistes revendiquent des actions de vandalisme contre une boucherie chevaline et un magasin de vêtements qui encourage la corrida à Toulouse, à 200 kilomètres de Perpignan. Les actions commencent alors à se concentrer autour de Toulouse: ainsi, à la fin août 2006, une animalerie de la ville est prise pour cible (cette même animalerie sera à nouveau la cible des activistes à Noël 2006), alors que des activistes revendiquent avoir vandalisé 3 boucheries dans la région Midi-Pyrénnées (région de Toulouse) les 9 et 15 octobre 2006.
Sur la base de l’ancrage géographique dans la région toulousaine, on peut supposer qu’une nouvelle cellule ait vu le jour à cet endroit.
C’est plus ou moins à cette époque que sont mentionnées pour la première fois le nom des cellules «ALF-Sud», «ALF Sud-France» ou «ALF Sud de la France» qui sont responsables de différentes actions: ainsi les 4-5 octobre 2006, quatre activistes de l’ALF mettent le feu à une statue de torero dans un village près de Perpignan. A la fin octobre 2006, trois activistes de l’ALF sabotent du matériel de chasse dans la région de Roussillon (Narbonne – Perpignan – Carcassonne). ALF Sud France est également responsable de l’action de vandalisme contre l’animalerie de Toulouse à Noël 2006. On notera que, dans ses premiers communiqués, ALF Sud France précise le nombre de personnes incriminées dans les actions.
On assiste à l’émergence d’activités revendiquées dans le sud ouest – région de Bordeaux – au début novembre 2006. Les militants signent généralement (mais pas toujours) leurs actions du nom «ALF Aquitaine» et visent d’abord des magasins de fourrure, des magasins soutenant la corrida, puis des magasins vendant du foie gras.
Il est intéressant de noter ici le rapprochement temporel entre les premières actions: une première action est revendiquée par ALF Aquitaine dans la nuit du 1er au 2 novembre 2006, action suivie par une autre trois jours plus tard toujours dans la région de Bordeaux (l’action n’est cependant pas revendiquée ALF Aquitaine). Un mois plus tard (14 décembre), ALF Aquitaine visait à nouveau le magasin pro-corrida attaqué le 5 novembre http://www.directaction.info/news_dec15b_06.htm. Vu la proximité temporelle, spatiale et la similarité des cibles, on peut supposer qu’il s’agissait ici de la même cellule.
On observe que, pour 2007, les actions dans le sud de la France sont principalement centrées autour de la région de Bordeauxet visent souvent des cibles identiques, notamment le magasin pro-corrida déjà attaqué le 5 novembre et le 14 décembre et à nouveau visé à la fin janvier, au début mars et à la fin mai 2007. A cette cible viennent s’ajouter un magasin de confection de daim et un commerce de foie gras, également visés à plusieurs reprises.
1.3 Autres développements géographiques
Même si les actions sont principalement focalisées autour du sud est et ouest, il est également intéressant de constater l’émergence de nouvelles cellules dans d’autres parties du pays: par exemple, dans la nuit du 18 au 19 janvier 2007, un magasin de fourrure à Lyon est la cible d’une attaque revendiquée par ALF-Lyon. Quelques mois plus tard, Lyon sera également le théâtre d’une action: l’incendie criminelle de l’entreprise Techniplast, accusée de relations commerciales avec Huntingdon Life Sciences.
De plus, même si l’action n’a pas été revendiquée en tant que telle, on a également assisté, le 30 mai 2007 à une action spectaculaire contre un cirque dont 3 véhicules ont été endommagés par les flammes lors d’une halte à St-Berthevin (entre le Mans et St-Malo). Cette attaque est surprenante dans la mesure où elle est semble être la première à avoir lieu dans cette région (aucune action n’y avait encore été revendiquée).
2. Causes
2.1 Topoï classiques…
Au niveau des causes revendiquées, il s’agit dans un premier temps de topoï classiques du mouvement: les actions contre les magasins de fourrure (ou les fourreurs eux-mêmes) représentent le 36 % des actions, les actions contre la consommation d’animaux (nourriture) constituent le 26 % des actions, alors que la lutte contre les cirques et la captivité des animaux est revendiquée dans 10 % des cas.
2.2 … et nouvelles causes
Il est cependant intéressant de prendre en considération l’émergence de nouvelles causes: alors que jusqu’en 2005, l’ALF en France est principalement concernée par la lutte contre la fourrure et la consommation de viande, on observe l’émergence d’une nouvelle cause dès 2006, celle de l’expérimentation animale (16 % des actions sont revendiquées contre l’expérimentation animale).
Le 27 janvier de cette année, des activistes effectuent une home visit (visite domiciliaire visant à des déprédations matérielles, généralement à des cadres d’entreprises accusées d’exploitation animale) à un cadre de l’entreprise pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) à Paris. A ce moment, GSK était la cible de l’ALF depuis plusieurs années déjà en Grande-Bretagne pour ses liens avec Huntingdon Life Sciences (HLS), l’une des principales entreprises d’expérimentation animale. En effet, selon le responsable de la securité pour GSK en Angleterre, l’entreprise aurait enregistré plus de 3.000 incidents liés à la libération animale depuis 2001.
L’expérimentation animale et en particulier Huntingdon Life Sciences (qui est au niveau mondial la cible d’une importante campagne par le mouvement de libération des animaux) seront ensuite évoquées à de nombreuses reprises dans les revendications des activistes en France: le 12 février 2006, plusieurs camions de l’entreprise UPS sont visés près de Montpellier. UPS est également la cible de l’ALF du fait de ses contacts avec Huntingdon Life Sciences. Le 19 mars 2006, les activistes s’attaquent, près de Paris, à Abbott Labs, une entreprise accusée d’être liée à HLS. Dans sa revendication, la cellule responsable qui se nomme «The Paris Animal Liberation Gang» enjoint Abott Labs à renoncer à toute collaboration avec HLS. Le 22 mars 2006, des activistes rendent visite au domicile d’un cadre de GlaxoSmithKline à Paris, alors que 3 jours plus tard, la cellule «The Paris Animal Liberation Gang» s’attaque à la Bank of America à Paris, accusée d’investir de l’argent dans HLS.
On relèvera ici la proximité des actions liées à la cause HLS: en deux mois, on observe ainsi près cinq actions dans la région parisienne liées à cette nouvelle cause. Le rapprochement entre les actions, leur concentration géographique (on exceptera ici l’action dans la région de Montpellier) ainsi que la cause liée à HLS portent à croire qu’il s’agissait d’une même cellule. On notera ensuite que la cause HLS en tant que telle disparaîtra plus ou moins du champ des revendications de l’ALF en France à deux exceptions près: le 17 novembre 2006, des vitrines de l’entreprise GSK sont saccagées à Marly-le-Roi, au nord est de Paris, alors que le spectaculaire incendie revendiqué le 7 mai 2007 contre Techniplast fait directement référence à HLS (les activistes enjoignent Techniplast à cesser ses activités commerciales avec HLS).
Il est cependant intéressant de constater ici que la vivisection et la cause HLS reviennent sous une autre forme à la fin 2006. En mars 2006, la chaîne de magasins Body Shop – réputée pour ne pas pratiquer d’expérimentations sur les animaux – est rachetée par le groupe l’Oréal accusé de pratiquer la vivisection et d’être client de HLS.
Plusieurs mois après ce rachat, Body Shop est pris pour cible par les activistes de l’ALF: ainsi en septembre 2006, ceux-ci revendiquent des actions contre quatre magasins dans la région parisienne. Sur les vitrines des magasins incriminés, on peut lire «BODY SHOP = L OREAL = VIVISECTION = TORTURE».
Puis dans la nuit du 4-5 octobre 2006, à Paris, une action à cibles multiples (un magasin de fourrure, une boucherie halal, un camion de boucherie frigorifique) vise également un Body Shop à Montparnasse. Dans leur revendication, les activistes affirment avoir recouvert le magasin des slogans suivants «L’Oréal UPS = Vivisection, STOP, l’OREAL TUE! Attention Body Shop, les traîtres seront punis! Ce n’est que le début!». Ils établissent le lien avec HLS dans la seconde partie de leur communiqué: «Spéciale dédicace à tous les activistes emprisonnés pour la victoire hystorique (sic!) de SNGPS (Save the Newchurch Guinea Pig) et pour ceux qui se battent sans relâche contre HLS et toute vivisection! ALF contre toute cruauté envers les animaux! La violence engendre la violence. La guerre est déclarée». Dans cette «spéciale dédicace», les activistes font référence à la ferme de Darley Oaks Farm, une ferme du Staffordshire anglais qui avait été la cible des activistes de l’ALF pendant six ans pour avoir fourni à Huntingdon Life Sciences des cobayes pour ses expériences. Ses propriétaires avaient décidé mettre un terme aux activités de la ferme au début 2006, ce qui avait été accueilli triomphalement par les activistes. Les attaques contre Body Shop continuent en 2007 en région parisienne: ainsi ,en janvier 2007, les activistes s’attaque au siège social de l’entreprise, dont les bureaux sont vandalisés à coup de graffitis.
Les 30 et 31 mars, ce sont huit magasins Body Shop qui sont visés.
Les causes évoquées jusqu’ici (lutte contre la fourrure, la consommation d’animaux, les cirques ou HLS) sont nationales, c’est-à-dire qu’elles sont revendiquées dans toutes les régions incriminées (on notera ici l’action contre UPS dans la région de Montpellier). Outre ces causes «nationales», on constate également l’existence de causes plus locales: en effet, on note que, parallèlement à l’émergence de la «cause HLS», la lutte contre la corrida fait également son apparition en 2006 dans les communiqués de l’ALF et ceci dans les actions de cellules du sud du pays (la lutte contre la corrida est revendiquée dans 13% des actions).
On l’observe une première fois en janvier 2006 où un bus est brûlé à Arles (ville réputée pour ses corridas) en hommage à l’activiste Bill Rodgers. Bill Rodgers était l’un des principaux activistes du groupe appelé «The Family», responsable de 17 actions entre 1996 et 2001, qui avaient causé pour plusieurs millions de dollars de dégâts. Bill Rodgers avait été retrouvé mort dans sa cellule.
Le thème de la corrida réapparaît en août de la même année à Toulouse où un magasin accusé de soutenir cette pratique est vandalisé, puis à nouveau en octobre 2006. On constate également que ce thème n’est pas évoqué dans les communiqués d’actions ayant eu lieu dans d’autres parties de la France.
3. Tactiques utilisées
Au niveau des tactiques, on constate que dans 77% des cas, les actions sont des actes de sabotage et de vandalisme (glue dans les serrures, destruction de vitrines de magasins, de panneaux publicitaires, inscription de slogans au spray). Les libérations d’animaux jouent ici un rôle mineur puisqu’elles ne représentent que 9% des actions.
Pour ce qui est d’autres tactiques plus radicales, on distingue ici entre les homes visits – c’est-à-dire les visites domiciliaires visant à des déprédations matérielles, généralement à des cadres d’entreprises accusées d’exploitation animale – et les incendies criminels. Pour ce qui est des home visits, on constate que leur nombre est inférieur à une dizaine: nous avons déjà évoqué les deux visites à des cadres de GlaxoSmithKline au début de l’année 2006. On relèvera également que le domicile d’un cadre de la compagnie Air France – accusée de transporter des animaux pour la vivisection – a également reçu la visite d’activistes en mars 2006. On a également observé que le choix d’une nouvelle cible par les activistes: l’attaque des domiciles des fourreurs. Ainsi, dans le sud de la France, un fourreur de Bordeaux a reçu la visite d’activistes qui ont «tagué» les murs de sa maison, alors que la moto d’un de ses collègues de Paris était cadenassée, l’empêchant de regagner son domicile. Le même fourreur de Bordeaux était une nouvelle fois la cible d’activistes au début juin 2007.
Il est important de relever ici que les home visits ne représentent qu’un pourcentage minimal des actions en France (7%), alors qu’il est nettement plus élevé en Suisse, par exemple, où elles représentent 36% des actions totales.
Pour ce qui est de l’incendie criminel, on notera que, malgré l’important écho médiatique soulevé par l’attaque de Techniplast à Lyon (il a fait l’objet d’un sujet au Journal de 20 Heures de TF1), les incendies représentent un faible pourcentage des actions, de manière similaire aux «home visits». En effet sur plusieurs dizaines de revendications, les activistes ont eu recours à l’incendie criminel à six reprises (7% des actions):
a) en janvier 2006 à Arles, un bus est incendié;
b) en août et en octobre 2006, les activistes boutent le feu à deux statues de toreros dans la région de Perpignan;
c) en octobre 2006 toujours, un camion frigorifique est la proie des flammes à Paris;
d) en mai 2007, c’est l’entreprise Techniplast à Lyon qui est la proie des flammes alors que, durant le même mois, trois camions d’un cirque sont incendiés à St-Berthevin.
Sur la base de ces chiffres, il est donc difficile de parler d’une radicalisation du mouvement de libération des animaux en France: en effet, ces six actions ne représentent qu’une faible partie de l’ensemble des actions du mouvement en France, dominées par les actes de sabotage et de vandalisme. Qui plus est, même s’il est vrai que l’incendie de Techniplast a été spectaculaire de par son ampleur, il est difficile de parler d’une première en France puisqu’au début 2006 déjà, le mouvement incendiait un bus à Arles, à la mémoire de l’activiste Bill Rodgers.
Ce qu’on peut cependant affirmer c’est que, comme dans le cas de la Suisse avec les incendies criminels de camions à Cadenazzo et Giubiasco (partie sud du pays), cet incendie criminel a fait prendre conscience au public et aux médias français de l’existence d’un mouvement qui revendiquait déjà des actions depuis 2002.
Conclusion
Le mouvement radical de libération des animaux en France est principalement présent dans sa capitale, Paris où on peut supposer qu’il existe plusieurs cellules. A cet égard, on notera un communiqué intéressant, publié le 27 avril 2007, qui revendiquait différentes actions contre des magasins de fourrure. Celui-ci se termine par une affirmation qui laisse croire à l’existence de plusieurs cellules: «Nous avons été ravis de voir que certaines serrures étaient DEJA bouchées, peut-être avons nous croisé une autre cellule ?»
Comme je l’ai suggéré, on a assisté ces derniers mois à l’émergence d’une scène de plusieurs cellules dans la partie sud du pays. En supposant que les cellules agissent de manière locale et régionale (il ne s’agit que de suppositions) et en considérant les distances qui séparent les différents lieux d’activités, on peut admettre l’existence d’une (ou plusieurs) cellule(s) dans la région de Toulouse (qui signerait ses actions sous le nom ALF Sud) et d’une (ou plusieurs) cellule(s) dans la région de Bordeaux (ALF Aquitaine). On peut également supposer qu’il existe une cellule dans la région du Roussillon (Perpignan, Carcassonne qui signerait également ses actions avec ALF Sud). En partant de l’ancrage régional des activistes, on peut également supposer l’émergence d’une cellule dans la région lyonnaise, responsable de l’opération contre Techniplast.
Contrairement à ce qu’ont laissé entendre certains médias, la présence d’un mouvement radical de libération des animaux en France n’a rien de nouveau: en effet, celui-ci est déjà attestée par des revendications à la fin de 2002. On constate que celui-ci réapparaît en 2005 et que ces actions subissent une très forte croissance en 2006 (de 11 revendications en 2005, on passe à 42 en 2006). Ceci a également été observé en Suisse où les actions entre 2005 et 2006 sont passées de 18 à 59 (elles ont donc plus que triplées en une année). 2006 semble donc avoir été une année charnière pour le mouvement radical de libération, non seulement en France, mais également dans d’autres pays.
Pour terminer, on notera également que le recours à l’incendie criminel et aux home visits ne constitue, malgré son côté spectaculaire et intimidant, qu’un faible pourcentage des actions totales de l’ALF en France.
Dans une perspective historique, il est intéressant de rappeler que l’épouvantail de la radicalisation agité par certains médias après l’incendie de Techniplast n’a rien de nouveau: en effet, une source aussi sérieuse que la BBC invoquait déjà une radicalisation terroriste possible de l’ALF en l’an 2000.
Pourtant, sept ans après cette «prophétie» l’ALF n’a, au niveau mondial, jamais tué personne.
Jean-Marc Flükiger