Depuis les attentats du 11 septembre, les mouvements terroristes, confrontés à des pressions tant internes qu’externes, ont subi des transformations radicales. Dans cet article de synthèse, Michael Whine, directeur de l’organisation Government and International Affairs at the Community Security Trust et de la Defence Division at the Board of Deputies of British Jews, nous présente les nouvelles tendances du terrorisme.
Nous remercions l’auteur de l’autorisation de traduire et mettre en ligne cet article qui sera publié dans un ouvrage à paraître prochainement aux Editions Martinus Nijhoff (La Haye), intitulé Terrorism and Human Rights. La version originale en ligne est également disponible sur le site de l’Institute for Counter-Terrorism d’Herzliya.
Les attentats du 7 juillet 2005 à Londres mettent en évidence l’émergence de nouvelles tendances qui ont commencé à se manifester dans d’autres parties du monde, notamment en Australie et aux Etats-Unis.
Première tendance : auto-recrutement
La première de ces tendances est celle du groupe «auto-recruté», composé d’indigènes du pays visé qui puisent leur inspiration d’Al-Qaïda, sans pour autant être nécessairement sous son contrôle. Le groupe auto proclamé Jam’iyyat Ul-Islam Is-Saheeh, à l’heure actuelle en procès à Los Angeles est un exemple. Ce corps d’islamistes auto recrutés, soi-disant dirigés par un détenu de la prison d’état de Californie à Sacramento, a été appréhendé avant de commettre de nombreuses attaques à la bombe sur des centres de recrutement militaires et des bases, sur le Consulat israélien et des synagogues locales (cf. indications bibliographiques en fin de texte).
Le groupe Abu Bakr, du nom de son leader Abul Nacir Benbrika, dont les membres ont été appréhendés le 8 novembre 2005 à Sydney et à Melbourne, en représente un autre exemple. Le groupe Samir Azzouz, appréhendé à Bruxelles, et le groupe arrêté en Hollande au début octobre semblent, pour leur part, liés au Maghreb et à Abu Musab al Zarkawi (Associated Press, 14 octobre 2005).
Selon nos informations actuelles sur le premier groupe de kamikazes de Londres, ils semblent tous avoir été recrutés au Royaume-Uni, mais deux d’entre eux ont probablement été entraînés au Pakistan. Mohammad Sidique Khan, le plus âgé des kamikazes, était probablement l’organisateur et contrôlait les autres membres du groupe. Il était connu pour être une figure de proue des jeunes musulmans locaux pour ses visites régulières dans les librairies islamiques, les écoles coraniques locales et – plus crucialement – pour les leçons qu’il organisait au sous-sol du gymnase d’une mosquée dans les environs de Beeston, près de Leeds. Il aurait rencontré les deux autres membres, Shehzad Tanweer et Hasib Hussain, voici environ cinq ans et les aurait enrôlés depuis. Les parents de Tanweer et de Hussain ont déclaré à la presse que leur fils étaient tombés sous l’influence d’un mystérieux «Mr. K»; très certainement Khan (The Independent on Sunday, 31 juillet 205).
En novembre 2004, Khan et Tanweer ont voyagé au Pakistan et y ont séjourné trois mois, revenant en Angleterre en février 2005.
Selon les témoignages révélés aux autorités américaines par Mohammed Junaid Babar – un expert en informatique pakistanais arrêté à la suite d’une visite au Pakistan et qui a depuis admis sa participation à la planification des activités d’Al Qaïda – Khan aurait participé à une réunion de planification d’attentats au Waziristan, à la frontière pakistano-afghane à la fin 2004. On a également prétendu que Khan aurait rencontré Hambali et d’autres dirigeants de la Jemaah Islamiah en Malaisie et aux Philippines en 2001.
Cependant un autre compte rendu rapporte qu’une réunion antérieure aurait eu lieu en mars, dans la même région; elle aurait eu pour sujet principal des plans d’attaques majeures contre l’Angleterre. Abu Faraj al Libbi, considéré à l’heure actuelle comme le responsable plus haut placé de la planification des activités d’Al Qaïda, y aurait assisté (The Asian Wall Street Journal, 22 juillet 2005).
Selon certaines spéculations publiées dans les médias britanniques, les attentats auraient été planifiés à ce moment-là. Des spéculations ont également été émises au sujet de la vidéo tournée par Khan et qui a été révélée par Al Jazeera après les attentats. Dans cette vidéo, Khan endossait la responsabilité des attaques au nom d’Al Qaïda, mais n’a pas affirmé avoir reçu ses ordres de l’organisation. Même si la vidéo a été publiée le 1er septembre, il est également possible qu’elle n’ait pas été tournée alors que Khan visitait le Pakistan sept ou huit mois plus tôt, mais quelques jours avant le 7 juillet en Angleterre, pour être ensuite transférée par courrier ou postée à l’adresse de contacts d’Al Qaïda. On y voit Khan tenant un stylo, alors que d’autres kamikazes ont presque toujours été filmés avec une arme. L’arrière-plan est également différent de celui montré dans les autres vidéos d’Al Qaïda, ce qui apporte un indice supplémentaire en faveur de cette théorie. Si c’est le cas, une certaine infrastructure est toujours en place au Royaume-Uni, malgré les nombreuses arrestations ces dernières années (pour plus d’informations voir les déclarations complètes de Khan et Al-Zawahiri sur www.aljazeera.net ainsi que The Independent, 3 septembre 2003)
Un lien entre les trois kamikazes et le groupe pakistanais Lashkar e Taiba (LET- Armée des Purs), qui fait partie du cercle élargi d’Al Qaïda, a également été suggéré. Certains contacts du LET en Angleterre étaient également en prison en mars 2005 lorsque Palvinder Singh, Mohammed Khan et Frzana Khan furent arrêtés et inculpés pour des infractions liées au terrorisme. Leur arrestation s’est déroulée dans le cadre d’une opération plus large pour remonter la filière du LET en Grande-Bretagne (The Asian Wall Street Journal, 22 juillet 2005).
Afin d’endiguer le flot d’étudiants nés à l’étranger fréquentant les écoles coraniques pakistanaises, le général Musharraf a annoncé le 29 juillet 2005 qu’environ 1400 étudiants étrangers devraient quitter le pays et que les visas ne seraient plus accordés. Ceci ne stoppera pourtant probablement pas leur enrôlement, si l’on considère que de nombreux jeunes retournent au Pakistan pour visiter leurs familles – spécialement en été – et que de nombreuses écoles coraniques sont situées dans des régions où le gouvernement n’exerce pas un contrôle total, en particulier dans les zones tribales de la frontière nord-occidentale, limitrophes de l’Afghanistan (The Daily Telegraph, 30 juillet 2005).
Seconde tendance: composition des groupes
La seconde tendance, que l’on a également pu constater ailleurs, concerne la composition des groupes perpétrant des attaques. Il s’agit d’un mélange de musulmans redécouvrant l’islam (born-again) et de criminels qui ont subi une radicalisation en prison, qui y ont probablement été recrutés et qui se sont réunis sur une base volontaire ou autour d’un invividu, ou d’un facteur extérieur.
A nouveau, il existe de fortes similitudes avec les groupes australiens et de Los Angeles. Aucun des kamikazes du 7 juillet n’a été identifié comme ayant des liens étroits avec les réseaux jihadistes connus; s’ils étaient connus des services compétents, ils n’étaient pas considérés comme des menaces. Deux des membres de ce groupe illustrent les liens apparemment peu rapprochés au sein des groupes terroristes. Jermaine Lindsey, un converti à l’Islam né en Jamaïque et originaire de Huddersfield, à 30 kilomètres de Leeds (il vivait à Aylesbury), semble, au premier abord, avoir été un membre à part. Des comptes rendus dans la presse nous ont cependant appris que son numéro de téléphone était enregistré dans le mobile de Hussain; en outre, un témoin rapporte que les deux s’étaient rencontrés en octobre 2004 à la Grande Mosquée de Leeds (The Independent, 13 août 2005; voir également Daily Mail, 26 octobre 2005).
Le quatrième comparse, Habbib Hussain, pourrait s’être affilié en dernier au groupe. Il n’a pas participé à la mission de reconnaissance du 28 juin ; il ne semble pas avoir été un membre du groupe d’islamistes aux liens étroits de Beeston qui se sont entraînés ensemble et ont pratiqué le rafting en juin; il n’a pas fait exploser sa bombe dans le métro, mais dans un bus près de la station d’Euston, après sa tentative infructueuse de contact sur son mobile avec les autres membres et seulement après avoir pris un dernier repas au McDonalds de la station de Kings Cross. En tant que musulman strict – ce qu’étaient devenus les autres – il n’aurait pas mangé de viande non-autorisée. En fait, il était mieux connu pour sa fréquentation des boîtes de nuit et l’usage de drogues que pour ses convictions islamiques. A nouveau, il existe des similarités avec les prétendus poseurs de bombes australiens et américains (The Independent, Londres, 31 octobre).
Des liens avec Al Qaïda ou d’autres groupes terroristes n’ont pas été établis après le 7 juillet, et ne font que commencer à «émerger» à l’heure actuelle. Par conséquent, le groupe a probablement été auto-dirigé, donc en mesure de choisir le moment et l’endroit des attaques sans contrôle extérieur. Aucune communication par Internet ou par téléphone n’a été jusqu’ici relevée entre le groupe et un commandement ou un contrôle central. Comme dans le cas des attentats de mars 2004 à Madrid, le réseau semblait fondé sur des contacts personnels et un membre a joué le rôle de catalyseur.
Balthazar Garzon, le magistrat espagnol affecté au contre-terrorisme et Marc Sageman, le chercheur américain, ont tous deux décrit ces constellations – caractéristiques de cette forme émergente de terrorisme – de jeunes hommes musulmans générées spontanément et définies par un système de relations personnelles, par opposition aux cellules contrôlées hiérarchiquement qui caractérisent les terroristes du 11 septembre et leurs successeurs et prédécesseurs immédiats. Pour ces activistes, Al Qaïda représente une référence idéologique et une inspiration plutôt qu’une chaîne de commandement supérieure (Waterman, 2 juin 2005; Sageman, 2004: 137-173).
Le chef des services de la sécurité intérieure française l’a constaté récemment:
«Nous sommes confrontés à une menace terroriste qui est en constant changement… Souvent les groupes ne sont pas homogènes, mais sont la somme de différents « mélanges » : des islamistes endurcis se mêlent à de petits criminels… des gens de différents milieux et nationalités travaillent ensemble. Certains sont nés en Europe ou bénéficient de double nationalités ce qui rend leurs voyages plus aisés. Les réseaux sont beaucoup moins structurés que ce que nous avions cru. Parfois c’est une mosquée qui les lie, parfois la prison, parfois un même quartier, ce qui rend leur identification et leur neutralisation beaucoup plus difficile.» (New York Times, 1er août 2005)
Le rapport 2004 du Département d’Etat américain fait également référence à cette nouvelle phase dans le développement du terrorisme : les groupes locaux inspirés par Al Qaïda organisent et perpètrent des attaques sans soutien ou avec un faible soutien d’Al Qaïda (US Dept of State, Office of the Coordinator for Counterterrorism, avril 2005).
Le groupe australien Abu Bakr était sous surveillance depuis plus d’une année. Il était composé d’activistes politiques connus de différentes provenances et d’autres sans profil spécifique, à l’exception de ceux qui les surveillaient. L’accumulation de produits chimiques dangereux, acquis dans des magasins locaux, a permis leur arrestation avant qu’ils ne puissent perpéter leurs attaques. Tous étaient de nationalité australienne, même si certains seraient nés au Liban. Benbrika lui-même était né en Algérie.
Troisième tendance : coûts minimaux
La troisième tendance émergente est celle d’un terrorisme à faible coût. Au total, on estime que les composantes des bombes du 7 juillet n’ont pas coûté plus de quelques centaines de livres sterling. Si l’on considère en outre les frais du voyage au Pakistan accomplis par deux des kamikazes, les coûts totaux ne s’élèvent cependant pas à plus de quelques milliers de livres. De telles sommes étaient facilement accessibles aux terroristes, sans avoir recours à des financements externes, que ce soit d’Al Qaïda ou d’organisations affiliées, ou au recours à des activités criminelles, caractéristiques d’autres actions terroristes récentes.
Un rapport de l’ONU publié en août 2004 quantifie les coûts des attaques terroristes récentes les plus importantes. Il estime que les attentats ferroviaires de Madrid ont coûté seulement 10.000 dollars; les attaques au camion piégé d’Istanbul en novembre 2003 ont coûté 40.000 dollars; l’attaque contre l’hôtel Marriott à Djakarta en août 2003 a coûté 30.000 dollars, alors que l’attaque contre l’USS Cole en octobre 2000 n’en a coûté que 10.000 (Prober, novembre 2005).
Evidemment, ces estimations ne prennent pas en considération les coûts d’entraînement ainsi que la création d’entreprises de couverture ou de blanchiment d’argent, mais elles renforcent l’argument selon lequel le terrorisme est devenu une forme de guerre bon marché, dont les manifestations devraient se multiplier dans l’avenir, alors qu’Al Qaïda a réduit son rôle de source financière et que les groupes locaux ne représentent plus que son idéologie.
Un rapport récent publié par Joshua Prober pour le Washington Institute tente d’estimer les coûts d’infrastructure et établit une liste des différents coûts liés à l’entraînement, à la location, au logement, au maintien des réseaux de communication, à l’achat d’équipements électroniques, etc. Il défend la thèse importante et fondamentale selon laquelle des fonds seront toujours nécessaires pour financer les attaques, indépendamment des faibles coûts des composantes des bombes (Prober, novembre 2005).
Prober cite le Sous-secrétaire contre le Terrorisme et la Criminalité financière du Trésor américain, Stuart Levy, qui notait en août 2004:
«Les coûts de financement des activités terroristes ne peuvent être mesurés en prenant en considération uniquement les coûts d’une action destructrice. Le maintien de réseaux terroristes comme Al Qaeda qui menace notre sécurité nationale, est onéreux… Des groupes comme Al Qaeda ont de nombreuses dépenses – de recrutement, d’entraînement, de voyage, de planification des opérations et de corruption des autorités, par exemple.» (Prober, novembre 2005)
Levy a observé que tous les actes terroristes laissent une trace qui permet de remonter à leurs responsables originels. Il a argumenté qu’en stoppant le flux des fonds, il est possible de retarder ou de prévenir des attaques, même si le coûts des explosifs reste relativement faible. C’est une réflexion importante, dont les conséquences sont activement tirées par les Nations Unies et de nombreux gouvernements. Pourtant, après examen des deux attentats de Londres et des cellules américaines et australiennes, l’auto-recrutement de ces nouveaux terroristes (plus jeunes) met en evidence cette tendance émergente aux coûts faibles voire inexistants; le lien avec Al Qaïda se limite à l’idéologie.
Ces terroristes, pour la plupart, n’ont probablement pas été entraînés en Afghanistan, au Pakistan, en Irak ou en Tchétchénie. Leurs liens avec Al Qaïda se bornent à une source d’inspiration. Ils peuvent télécharger des manuels de fabrication des bombes sur Internet et acquérir les composantes auprès de commerces de base et de chimistes. Pour cette raison, Al Qaïda et les groupes affiliés ayant reconnu et désirant promouvoir ce développement ont maintenant lancé une «université virtuelle» en ligne pour les terroristes en herbe, qui leur fournit toutes les informations nécessaires pour perpétrer des attaques.
En octobre, un message posté sur le forum jihadiste Al-Farouk par Ahmad al-Wathiq bi-Llah, «l’émir assistant» (Deputy General Amir) du Global Islamic Media Front (GIMF), a annoncé l’ouverture de ce qu’il appelait «l’université Al Qaïda pour les études jihadistes». La déclaration qui accompagnait cette nouvelle expliquait qu’«Al Qaïda est une organisation, un état et une université, fait que l’on ne peut nier» (The Jamestown Foundation, 17 octobre 2005).
«Depuis les attaques de l’USS Cole et de Manhattan, des centaines de musulmans de tous les coins du monde se sont affiliés à université du jihad global, étudiant toutes les sciences, les règles et les méthodes du jihad», explique-t-il également.
Selon des articles de presse, Wassem Mughal, arrêté au début novembre et inculpé avec deux autres militants pour activités terroristes à Old Bailey au cours de la première semaine de novembre 2005, était en possession d’un DVD intitulé «Veste pour les opérations de martyre», qui contenait des «informations en mesure d’être utiles à des personnes qui s’apprêtent à commettre ou préparent un acte de terrorisme». Un autre chef d’inculpation fait référence à un morceau de papier trouvé dans sa chambre à coucher, sur lequel auraient été inscrites des informations sur un produit de propulsion pour un missile, et des règles pour le faire exploser (The Daily Telegraph, 5 novembre 2005; The Times, 5 novembre 2005).
Le raid de police contre le domicile d’Anas al Liby à Manchester en l’an 2000 a conduit à la découverte du premier manuel terroriste jihadiste connu, même s’il faut signaler que les anarchistes américains et les activistes d’extrême droite avaient publié des manuels de construction de bombe des années auparavant.
C’est pourquoi Internet apparaît clairement comme un moyen vital pour la formation des «terroristes en herbe». Comme l’ont montré les enquêtes qui ont suivi le 11 septembre, Internet joue également un rôle vital dans les processus de commande et de contrôle. Il faut cependant garder à l’esprit qu’Internet ne conduit pas, en soi, au terrorisme. Pour cela, il faut une interaction «face à face» et la création de réseau sociaux ou de cliques, qui, comme le montre Sageman sont importantes pour renforcer l’engagement individuel pour le jihad. On ne devient pas un terroriste par la simple lecture de manuels terroristes sur Internet. Le rôle d’organisations salafi-jihadistes a, malheureusement, été sous-estimé. Le Hizb ut Tahrir, Al Muhajiroun (ou l’organisation qui lui a succédé, la Secte des Sauveurs) et les Supporters de la Charia sont essentiels dans ce processus.
Ils représentent “une courroie de transmission” qui commence par radicaliser certains jeunes musulmans et se termine par les actions terroristes de certains de ces jeunes.
Sageman décrit les centres d’activités aux ramifications étroites qui ont dominé l’architecture du jihad salafiste global: l’organisation centrale; le noyau arabe, les arabes du Maghreb; les groupes d’Asie du Sud-Est. Il s’agit de larges faisceaux d’activistes construits autour de «centres d’activités» qui peuvent également être des personnalitéss. Lorsque l’importance de ces derniers diminue, suite à une dégradation ou une interdiction, d’autres groupes ou personnalités deviennent plus importants et croissent. Ici la notion de «centre d’activités» devient plus importante: c’est le centre qui recrute, motive et dirige. En Grande-Bretagne, il s’agissait pour la majeure partie, d’Omar Mahmoud Othman (Abu Qatada), Mustafa Kamel (Abu Hamza al Masri) et dans une moindre mesure Omar Bakri Mohammed et d’autres. Ce rôle pourrait maintenant être repris par deux autres centres d’activités. Il pourrait s’agir de vétérans irakiens sur le retour (bien que la police et les différents service de sécurité soient conscients de cette possibilité); les autres sont ce que Sageman appelle «le réseau plus large, aux liens moins étroits et désorganisés de petites cliques et «d’électrons libres» qui sont politisés et radicalisés par les événements mondiaux et le racisme ambiant et dont les frustrations sont nourries et canalisées par les groupes salafistes» (Sageman, 2004, p. 172)
Conclusion
Le besoin de rester vigilant est par conséquent vital pour l’avenir. On rapporte que les agences de sécurité et judiciaries n’ont pas montré d’intérêt pour Khan et les autres kamikazes du 7 juillet du fait que ceux-ci ne correspondaient pas à leurs notions préconçues de ce qu’est un terroriste.
L’étude de Sageman (et d’autres) ont montré qu’il n’y a pas de profil typique de terrorisme. Les terroristes salafistes représentent tous les niveaux socio-économiques, nationalités, antécédents familiaux et niveaux d’éducation. Nous adoptions une vision trop étroite du danger qui nous menace.
Michael Whine
Indications bibliographiques
Mark Sageman, Understanding Terror Networks, University of Pennsylvania Press, Philadelphia, 2004.
Sur les processus d’auto-recrutement
”Between al – Andalus and a failing integration – Europe’s pursuit of a long-term counterterrorism strategy in the post – al – Qaeda era”, Egmont Paper, N° 5, Royal Institute for International Relations (IRRI-KIIB), Bruxelles, mai 2005.
“Radicalisation tendencies“, Annual Report 2004, AIVD (Service général néerlandais de renseignement de sécurité).
Magnus Ranstorp, “Al Qa’ida – An Expanded Global Network of Terror”, RUSI Journal, Londres June 2005.
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Autres références
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Country Reports on Terrorism 2004, US Dept of State. Office of the Coordinator for Counterterrorism, avril 2005, Washington DC.
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Joshua Prober, “Accounting for Terror, Debunking the Paradigm of Inexpensive Terrorism”, Policy Watch Washington Institute, N° 1041, 1er novembre 2005.
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Shann Waterman, “Eurojihadis: A new generation of terror”, UPI, Londres, 2 juin 2005.
© Michael Whine 2006 – Traduction française: Jean-Marc Flükiger.