Lors du sommet de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) qui s’est ouvert à Chisinau (Moldavie) le 7 octobre 2002, la décision a été prise de créer une division pour l’Asie centrale du centre de lutte contre le terrorisme de la CEI.
Le projet d’un centre antiterroriste de la CEI était lié dès le départ à l’Asie centrale, puisqu’il avait formellement été proposé lors du sommet de de la CEI de janvier 2000 par le président Nursultan Nazarbaïev (Kazakhstan), en même temps qu’une série de mesures d’action contre le terrorisme, inspirées par la crainte d’activités islamistes dans la région. La création d’un centre d’analyse et d’échange du renseignement pour la lutte contre le terrorisme avait été entérinée lors du sommet de la CEI de juin 2000, dans le cadre d’un programme de lutte contre le terrorisme pour la période 2002-2003.
Le projet avait bien sûr été appuyé par Moscou (qui en avait d’ailleurs lancé en fait l’idée), s’inscrivant dans une série d’initiatives stratégiques pour conserver une influence dans les pays de l’ex-URSS. En avril 2002, les exercices “Sud-Antiterreur 2002” des forces de réaction rapide de la CEI avaient été placés sous l’égide du centre antiterroriste, dirigé par le général Boris Mylnikov, qui vient des rangs du Service fédéral de sécurité (FSB). Ces exercices avaient officiellement pour but de préparer les participants à faire face à d’éventuelles fuites d’éléments extrémistes de l’Afghanistan vers l’Asie centrale, mais plusieurs observateurs les ont également interprétés comme une manière de réaffirmer la présence russe dans la région, à l’heure où les Etats-Unis y ont pris pied à la faveur de la “guerre contre le terrorisme”.
Le centre compte parmi ses membres des pays n’ayant pas signé le Traité de sécurité collective de la CEI, mais qui ont adhéré à l’initiative de lutte contre le terrorisme. Plusieurs pays membres (y compris des pays de l’Asie centrale) avaient essayé de limiter le poids de la Russie dans ce centre, notamment en ne votant qu’un budget modeste et en limitant la taille du centre. Lors d’une visite du président Leonid Koutchma (Ukraine) à son homologue ouzbek Islam Karimov en octobre 2000, les deux présidents avaient d’ailleurs appelé à la création d’un centre international de lutte contre le terrorisme sous les auspices de l’ONU, appel qui avait été interprété comme une tentative de contrebalancer les projets russes dans ce domaine. L’idée d’un tel centre sous la responsabilité des Nations Unies avait d’ailleurs déjà été évoquée par Karimov lors du sommet de l’OSCE à Istanbul en 1999 et répétée lors du sommet du millénaire organisée l’année suivante par les Nations Unies.
Le centre avait éprouvé quelques difficultés à devenir opérationnel, mais nul doute que les événements de septembre 2001 ont permis de donner au projet une nouvelle impulsion.
Lors du sommet de la CEI à Chisinau a été annoncée la création d’une antenne centrasiatique du centre, qui sera établie à Bichkek et sera en charge de l’ensemble de la région. A cette occasion, les effectifs seront augmentés d’une dizaine de personnes. Selon des déclarations de Boris Mylnikov à l’agence de presse Novosti, une soixantaine de personnes au total devraient travailler dans l’antenne de Bichkek. Le général de brigade Birsultan Sarsekov (Kazakhstan) a été désigné comme premier adjoint de Boris Mylnikov.
Le thème de la lutte contre le terrorisme dans les pays de l’ex-URSS demeure en tout cas indissociable de la question plus large du rôle stratégique de la Russie, comme l’ont également montré ces dernières semaines les relations avec la Géorgie.