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Al Qaïda: quelques observations critiques sur le livre « Son mari a tué Massoud »

27 août 2002 Par Rédaction - Terrorisme.net

Un concours de circonstances a conduit la journaliste belge Marie-Rose Armesto (RTL-TV) à recueillir les confidences de l’épouse d’un des deux assassins du commandant Massoud, tué en Afghanistan le 9 septembre 2001. Le livre pose certains problèmes par son approche, mais présente un intérêt en raison des éléments de témoignage qu’il contient.

Marie-Rose Armesto a pu recueillir le récit de Malika, née à Tanger en 1959 et aujourd’hui citoyenne belge. Celle-ci a vécu en Afghanistan et a pu revenir en Belgique en décembre 2001, après de nombreuses péripéties que relate le livre. Malika est l’épouse d’un des deux hommes qui, se faisant passer pour des journalistes, ont réussi à approcher le commandant Massoud et à le tuer, perdant la vie dans l’opération.

Marie-Rose Armesto doit à l’aide qu’elle a fournie à Malika pour retourner en Belgique d’avoir eu droit à ce récit – assurément un scoop inespéré pour une journaliste! Malika a cependant rompu avec elle à la suite de la diffusion, en février 2002, de reportages télévisés réalisés par la journaliste et dans lequel elle avait accepté de témoigner: il est intéressant de noter que l’usage du mot « terroriste » pour qualifier son mari défunt dans ces reportages aurait été à l’origine de la rupture. (Cela signifie aussi que Malika n’a pas eu la possibilité de voir le texte avant publication.) Selon la journaliste, Malika lui aurait déclaré:

« Mon mari faisait partie d’une armée illégale, non reconnue, mais ce n’était pas un terroriste. C’était un combattant du Bien contre le Mal, un moudjahid. Il n’avait qu’un objectif: défendre ses frères musulmans massacrés injustement de par le monde. » (p. 189)

Ce qui résume en effet à la fois la perception de leur engagement par ceux qui adhèrent à des groupes radicaux et le problème toujours délicat de la définition du terrorisme, un thème sur lequel nous aurons fréquemment l’occasion de revenir sur ce site…

Comment évaluer le livre? Peu épais, il est de lecture facile, écrit par une journaliste qui sait s’adresser à un large public – on peut dire sans hésiter qu’il se lit comme un roman.

Le témoignage qu’a entendu Marie-Rose Armesto au cours d’une série de neuf rencontres est évidemment d’un intérêt peu commun. Le lecteur regrette cependant qu’elle n’ait pas su s’effacer derrière son sujet. Certes, elle sait rendre vivants les contacts qu’elle a eus avec Malika, elle ne cache pas non plus la sympathie que lui inspire cette femme déterminée et assez éloignée des stéréotypes souvent appliqués aux musulmanes. En même temps, la journaliste ne peut s’empêcher d’émettre des jugements moraux et d’exprimer sa désapprobation. Qu’elle dise une fois en préambule son désaccord avec les choix de Malika ne serait pas gênant, mais la façon dont elle insiste et semble vouloir « sauver » Malika finit par laisser un peu perplexe. Marie-Rose Armesto s’efforce de comprendre celle qu’elle rencontre, mais elle a du mal à ne pas mettre en avant ses propres convictions.

Le retour à l’islam de Malika – qui avait d’abord mené une existence séculière et sans pratique de sa religion – est interprété en termes d’envoûtement, de manipulation. Marie-Rose Armesto ne cache pas l’espoir que Malika enlèvera un jour son foulard et que « je découvrirai la femme qui se cache derrière le masque qu’elle s’est imposé » (p. 150) Ou encore: « il faut qu’elle se détache de ceux qui continuent à la manipuler » (p. 151). Etc… Les modèles interprétatifs supposés expliquer les adhésions aux « sectes » ne sont pas loin et semblent venir spontanément à l’esprit pour expliquer des adhésions à des messages radicaux. Nous avons vu les mêmes interprétations tenter d' »expliquer » l’itinéraire du jeune Américain John Walker Lindh (Sulayman Al-Faris), retrouvé près de Mazar-e-Sharif: il ne paraît pourtant guère nécessaire de parler de « lavage de cerveau », comme on a pu le lire, pour expliquer ce qui relève manifestement de l’engagement inconditionnel d’un jeune homme idéaliste. En plaquant de telles interprétations, on s’expose au risque de ne plus comprendre ces itinéraires.

Il est possible que Marie-Rose Armesto ait en partie raison. Mais à lire les propos – apparemment retranscrits littéralement – qu’elle nous livre du témoignage de Malika, nous voyons surtout émerger (et c’est là le véritable intérêt du livre) le visage de ceux qui se retrouvent dans des groupes tels que Al Qaïda. Alors que nous tendons inévitablement à voir ces hommes et ces femmes sous des traits caricaturaux, nous les découvrons comme des êtres humains avec leurs aspirations, et probablement est-ce la principale leçon de ce livre pour tous ceux qui s’intéressent au phénomène de la violence et du terrorisme.

En fait, nous découvrons, à travers quelques passages, des gens qui se perçoivent comme idéalistes et, comme les militants communistes d’hier en quête de modèle et allant de déception en déception (l’URSS, la Chine, Cuba, etc.), ont cru trouver dans l’Afghanistan taliban l’amorce de la réalisation de leur rêve d’une société islamique idéale. La violence même qu’ils peuvent exercer est perçue à travers d’autres lunettes, comme une réaction légitime, nécessaire, face à des ennemis considérés comme extrêmement puissants et impitoyables (Américains, juifs, etc.). La comparaison qu’évoque cette expérience – tout en tenant compte des différences d’époque et de contexte – est celle des jeunes Européens qui, il y a quelques décennies, s’engagèrent dans les Brigades internationales en Espagne ou dans la Waffen SS sur le Front de l’Est.

L’approche de phénomènes tels que ceux qui nous intéressent, et particulièrement celle des courants les plus radicaux de l’islamisme, demande que les observateurs sachent percevoir aussi ces dimensions, car ils s’exposent sinon à déshumaniser ceux qui en sont les acteurs. Ce n’est pas un impératif moral que nous évoquons ici, mais tout simplement une question de bonne méthode, afin d’effectuer une analyse qui ne débouche pas sur la répétition de stéréotypes et qui permette donc de saisir la logique interne de ces démarches. Malgré ses imperfections, le livre de Marie-Rose Armesto nous fournit des pages qui nous y aident. Nous attendons maintenant avec curiosité l’ouvrage que Malika elle-même – actuellement inquiétée par la justice, selon des sources musulmanes – préparerait pour répondre à la journaliste…

Marie-Rose Armesto, Son mari a tué Massoud, Paris, Ed. Balland, 2002 (194p.).

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Catégorie(s) : Lectures Étiqueté : Al Qaida, livre, malika el-aroud

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