Une trentaine de soldats appartenant aux forces spéciales albanaises sont arrivés en Afghanistan au mois d’août pour une période de six mois, après un entraînement d’une dizaine de jours en Turquie, pour compléter celui que leur donnent déjà depuis des années des militaires turcs. En même temps ont débarqué à Kaboul cinq soldats kirghizes et cinq soldats macédoniens. Ces engagements numériquement modestes expriment surtout la volonté de ces pays d’être perçus comme partie prenante de la “guerre contre le terrorisme”.
Placés sous commandement turcs, les nouveaux arrivés participeront au maintien de la sécurité à l’aéroport de Kaboul dans le cadre de l’International Security Assistance Force (ISAF), dont les effectifs approchent maintenant 5.000 membres.
Le Conseil des ministres avait annoncé au mois de juillet l’envoi d’une unité albanaise en Afghanistan dans le cadre de la coalition internationale contre le terrorisme. Cette décision avait été entérinée par le Parlement le 25 juillet 2002.
Lors de la cérémonie qui a accompagné le départ des troupes à l’aéroport international “Mère Teresa” de Tirana, le ministre de la Défense, Pandeli Majko, a déclaré: “Vous placez l’Albanie sur le front de la lutte contre la plus grave maladie de notre temps: le terrorisme“, rapporte l’Agence télégraphique albanaise (5 août 2002).
Derrière ces déclarations se révèle surtout le désir de l’Albanie d’être perçue comme partie prenante de la “guerre contre le terrorisme”. Le gouvernement espère notamment que cette participation va améliorer les chances de voir le pays intégré un jour à l’OTAN.
Le gouvernement albanais n’ignore pas les inquiétudes des Etats occidentaux face à l’instabilité de la zone balkanique et les préoccupations exprimées par nombre d’analystes face aux entreprises criminelles variées qui fleurissent dans la région. Les activités de groupes mafieux albanais ont en effet un impact qui dépasse les frontières de la région.
L’Albanie s’efforce donc de manifester de différentes façons sa volonté de “lutter contre le terrorisme” après les événements du 11 septembre dernier – d’autant plus que des pays. Plus de 250 étrangers ont été priés de quitter le pays et des comptes bancaires appartenant à des compagnies arabes ont été gelés, rappelle Radio Free Europe – Radio Liberty (5 août 2002). Différentes enquêtes ont été ordonnées en Albanie à l’encontre de personnes soupçonnées de blanchiment d’argent ou de liens financiers avec des organisations terroristes.
Ainsi, des immeubles en cours de construction dans le centre de Tirana et appartenant au financier saoudien Yasin Kadi (également orthograpié Qadi) ont été placés sous contrôle des autorités au mois de janvier. Rappelons que les avoirs de Yasin Kadi aux Etats-Unis avaient été gelés dès le mois d’octobre 2001, tandis que son nom était placé sur la liste de personnes ou d’entités soupçonnées de financer le terrorisme, à travers une fondation baptisée Muwafaq. (Yasin Kadi avait répliqué en affirmant être victime d’une chasse aux sorcières et précisé que la fondation n’existait plus depuis cinq ans, selon ses déclarations au Wall Street Journal, 16 octobre 2001.)