Les Etats-Unis ont placé deux organisations séparatistes sikhs sur la liste des entités terroristes internationales et gelé leurs avoirs. Le Royaume-Uni avait pris au début du mois de novembre 2001 des mesures semblables contre les mêmes groupes.
Le 28 juin 2002 a été rendue publique la décision des autorités américaines de placer l’International Sikh Youth Federation (ISYF) et le groupe Babbar Khalsa sur la liste des entités “specially designated global terrorist” (SDGT). Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la “guerre contre le terrorisme” lancée par les Etats-Unis. Elles répondent aussi à une demande de longue date du gouvernement indien.
La décision s’inscrit manifestement dans le contexte des préoccupations relatives à la lutte globale contre le terrorisme et relève certainement en partie du souci de satisfaire les autorités indiennes. Elles permettent d’harmoniser également l’approche des Etats-Unis avec celle de l’Union européenne, qui avait placé le 2 mai l’ISYF et Babbar Khalsa sur la liste de groupes et entités visés par les “mesures spécifiques pour combattre le terrorisme“.
Certes, ces organisations avaient déjà été mentionnées dans des rapports américains sur le terrorisme international des années 1990, mais pas comme organisations spécialement désignées, et elles ne figuraient pas dans l’édition 2001 du rapport du Département d’Etat Patterns of Global Terrorism.
L’une des conséquences de l’ajout des organisations à cette liste est l’obligation pour les institutions financières américaines de geler leurs avoirs.
Comme on le sait, les groupes militants sikhs sont particulièrement actifs dans la diaspora, où ils trouvent un terrain réceptif. L’ISYF avait été constituée en Angleterre en 1984 à l’initiative d’un neveu de Sant Bhindranwale, le dirigeant indépendantiste sikh qui avait péri dans le temple d’Amritsar. L’ISYF avait attiré dans les années 1980 plusieurs milliers d’adhérents sur territoire britannique. Quant à Babbar Khalsa, il s’agit d’un groupe sikh orthodoxe très militant, apparu au Canada dès les années 1970 et particulièrement implanté dans la région de Vancouver. Les autorités canadiennes et indiennes tiennent Babbar Khalsa pour responsable de l’attentat commis en juin 1985 contre un avion d’Air India, qui avait fait 329 victimes.
Le gouvernement britannique avait interdit ces mouvements en mars 2001. Leurs avoirs avaient été gelés en Grande-Bretagne – en même temps que ceux d’autres organisations considérées comme terroristes – au début du mois de novembre 2001. Un haut responsable britannique avait souligné à cette occasion l’importance essentielle d’accès à des fonds pour les groupes terroristes et avait déclaré: “Ceux qui financent le terrorisme sont aussi coupables que ceux qui le commettent.”
Jean-François Mayer
Source: Religioscope, 2 juillet 2002