Le 7 avril 1977, trois membres de la Rote Armee Fraktion (RAF, Fraction Armée Rouge) assassinaient le procureur de la République fédérale d’Allemagne, Siegfried Buback. Trente ans plus tard, la question des véritables assassins ressurgit dans le cadre de la demande d’amnistie de Christian Klar, un membre de la RAF présumé coupable. Comment l’Allemagne vit-elle l’année de la commémoration des événements tragiques de l’année 1977, marquée du sceau de la RAF et de son «Offensive 1977»?
En 2003, l’ancien membre de la Rote Armee Fraktion, Christian Klar – condamné à la perpétuité à deux reprises (perpétuité assortie d’un complément de peine de 15 ans) pour sa participation aux assassinats de Siegfried Buback (procureur de la République fédérale d’Allemagne), Jürgen Ponto (chef de la Dresdner Bank) et Hans-Martin Schleyer (président de l’association des employeurs allemands) – demandait une amnistie au Président de la République fédérale d’Allemagne (à l’époque Johannes Rau), après avoir passé plus de 20 ans derrière les barreaux (Klar a été arrêté en 1982 et condamné en 1985).
1. Participation de Klar à l’assassinat de Siegfried Buback
Dans les mois qui suivirent la demande de grâce, la presse se fit l’écho des propos de Klar, lus lors d’une conférence dans lesquels il parlait de «défaite des plans du capitalisme et d’ouvrir la porte à un nouvel avenir». Condamnés à droite comme à gauche, ces propos étaient interprétés par de nombreux politiciens comme un signe que Klar n’avait pas changé ses orientations politiques et qu’il ne se repentait pas. Pour beaucoup, le nouveau Président de la République (à qui incombe la décision concernant les demandes d’amnistie) Horst Köhler devait donc refuser la demande de Klar et le maintenir sous les verrous.
Dans cette perspective, un article paru dans le magazine allemand Der Spiegel (23 avril 2007; pour un article au contenu similaire, cliquer ici), éclaire le rôle et les personnalités impliquées dans l’assassinat de Buback. En effet, ce dernier a été assassiné dans sa voiture par deux assaillants en moto (un conducteur et une personne chargée de la mitraillette) qui se sont ensuite enfuis pour rejoindre un troisième complice qui les attendait dans une voiture. Selon ces nouvelles informations et contrairement à la version officielle de l’époque qui n’excluait pas que Klar ait appuyé sur la gâchette (il avait été condamné sans que son rôle exact dans l’assassinat ait pu être déterminé), celui-ci aurait en fait attendu les assassins dans la voiture et ainsi permis leur fuite. Il est cependant incontestable que celui-ci a participé à la préparation de l’assassinat du procureur de la République.
L’article du Spiegel révèle cependant plusieurs autres faits préoccupants: en effet, la justice allemande a également condamné Knut Folkerts pour sa participation à l’attentat de Buback. Pourtant, selon le Spiegel, le Bundeskriminalamt (Office fédéral de la police criminelle) aurait disposé à l’époque du témoignage de Silke Maier-Witt (qui avait rejoint les rangs de la RAF en 1977) selon lequel Folkerts ne pouvait pas avoir participé à l’assassinat de Buback, puisqu’elle l’avait rencontré ce jour-là… aux Pays-Bas. Folkerts, qui fut arrêté en septembre 1977, fut cependant condamné à la perpétuité pour l’assassinat du procureur de la République fédérale allemande. Il devait être amnistié en 1995.
La version de Maier-Witt est également corroborée par un témoignage de Verena Becker, une éminente membre de la RAF qui avait commencé à collaborer avec le Bundesverfassungsschutz – Administration fédérale pour la protection de la constitution – après son arrestation en mai 1977. Becker aurait décrit précisément les rôles et responsabilités dans l’attentat de Buback: Klar aurait attendu ses deux complices Günter Sonnenberg – qui conduisait la moto – et Stefan Wisniewski – qui aurait appuyé sur la gâchette – pour leur permettre de prendre la fuite. Klar aurait cependant participé à l’identification exacte du chemin pris par Buback de son domicile à son lieu de travail. Cependant, Becker n’a invoqué le nom de Knut Folkerts à aucun moment.
Peter Jürgen Boock – un ancien membre de la RAF responsable d’avoir tiré sur le chauffeur d’Hanns-Martin Schleyer lors de son enlèvement – confirme également la version de Beck. Dans un entretien accordé au Spiegel (23 avril 2007, p. 37), il déclare que Christian Klar n’a pas pu tirer sur Buback du fait qu’il n’avait à cette époque pas été formé à l’utilisation d’armes automatiques. D’autre part, selon les informations dont il dispose, Boock déclare que le commando directement responsable de l’assassinat de Buback était composé de Günter Sonnenberg et de Stefan Wisniewski et qu’il est probable (Boock n’a cependant pas de preuve directe) que ce soit ce dernier qui ait ouvert le feu sur le procureur. Celui-ci a également confirmé ces informations dans un entretien accordé à la chaîne ARD le 23 avril 2007.
Selon le Spiegel, deux éléments sont à relever: d’une part, le Bundesverfassungsschutz et le Bundeskriminalamt disposaient des informations qui disculpaient Knut Folkerts depuis plus de deux décennies; celles-ci n’ont pas cependant pas été utilisées lors de son procès. Qui plus est, le nom de Stefan Wisniewski n’aurait jamais été mentionné par les autorités dans le cadre du procès concernant l’assassinat de Buback. Amnistié en 1999, Wisniewski avait également participé à l’assassinat de Hans-Martin Schleyer, pour lequel il avait, entre autres, écopé de 20 ans de réclusion.
Ces révélations ont déclenché une tempête médiatique et politique en Allemagne: alors que la chancelière allemande Angela Merkel exigeait que toute la vérité soit faite autour du cas Buback, le ministre de l’Intérieur Schäuble exigeait des comptes de la part des organismes incriminés, le Bundeskriminalamt et le Bundesverfassungschutz concernant leur rôle dans l’accusation de Folkers. A la lumière de ces nouveaux éléments, le bureau du procureur de la République a engagé une procédure contre Stefan Wisniewski pour déterminer son rôle dans l’attentat de Siegfried Buback.
2. Nouvelles révélations fracassantes….
Le 25 avril 2007, soit quelques jours après la publication de ces nouveaux éléments, l’édition en ligne du magazine Spiegel révélait un fait encore plus troublant, qui semble incriminer les plus hautes instances juridiques et politiques de la République fédérale d’Allemagne: le bureau du procureur, comme le ministère de l’Intérieur avaient été informés par le Bundesverfassungsschutz en 1982 déjà du témoignage de Verena Becker (qui avait décrit de manière précise le déroulement de l’assassinat de Buback et les personnes incriminées). Cette affirmation est corroborée par les conclusions provisoires du président de la commission parlementaire responsable des services secrets qui déclarait «qu’aucun manquement n’avait été constaté au niveau de la transmission des informations par le Bundesverfassungschutz»
Il était donc clair que le bureau du procureur et les plus hautes instances politiques du pays disposaient de l’information; pourtant, celles-ci n’ont pas été utilisées pour disculper Folkerts, ni incriminer Wisniewski.
A l’heure actuelle, deux raisons ont été invoquées pour expliquer cela. D’une part, il est possible que ces informations n’aient pas été utilisées pour des raisons de protection des sources d’information (notamment de Verena Becker). D’autre part, le rôle de Verena Becker dans l’attentat de Buback n’a jamais été éclairci. En effet, il n’est pas impossible que celle-ci ait été incriminée et ait essayé de se disculper en faisant porter la faute à quelqu’un d’autre, en l’occurrence Stefan Wisniewski. Ainsi, selon certaines informations, on aurait retrouvé un cheveu qui correspondrait à ceux de Verena Becker dans l’un des casques des assassins. Pour ce qui est du témoignage de Peter-Jürgen Boock qui corrobore les affirmations de Becker, sa crédibilité est remise en question: en effet, lors de son procès, il avait déclaré ne jamais avoir été présent lorsque des gens avaient été tués, alors qu’il avait activement participé aux opérations qui avaient coûté la vie à Jurgen Ponto et Hanns-Martin Schleyer. Les affirmations de Boock et sa personnalité ont également été fortement critiquées par l’ancien chef du Bundeskriminalamt, Hans-Ludwig Zachert, qui déclare que «Boock est une personne qui ne prend pas la vérité très au sérieux».
3. … et leurs conséquences
Ces nouvelles révélations auront probablement des répercussions sur plusieurs niveaux:
a) D’une part, elles vont mettre sous pression le gouvernement allemand qui devra expliquer pourquoi ces informations n’ont pas été utilisées. Il n’est pas impossible que ces nouveaux éléments relancent la discussion autour de la gestion du terrorisme par les instances politiques en Allemagne. Cette discussion avait fait rage en 1977 après l’incarcération des leaders de la Rote Armee Fraktion (Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Jan-Carl Raspe et Irmgard Möller) et au moment de l’enlèvement d’Hanns-Martin Schleyer lorsque le Bundestag avait voté dans l’urgence le Kontaktsperrgesetz une loi qui, dans les cas de terrorisme, peut interdire aux détenus des contacts avec leurs avocats, réduisant ainsi leurs droits de manière considérable. A cet égard, le Spiegel constate que les discussions autour des réactions étatiques de l’époque vont probablement à nouveau occuper le devant de la scène (Der Spiegel, 30 avril 2007, p. 36). On peut également signaler ici que la question de la gestion du terrorisme par les autorités a déjà suscité un débat ces dernières semaines dans le cas de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et de son rôle dans l’affaire Kurnaz. Né à Brême, mais de nationalité turque, Murat Kurnaz se tourne vers l’Islam radical au contact du groupe Tablighi Jamaat et prend un billet d’avion pour le Pakistan juste après les attentats du 11 septembre 2001, billet qu’il paie avec la carte de son ami Sofyen Ben Amor, qui aurait eu des contacts avec les Talibans. Arrêté par les autorités pakistanaises, celui-ci est alors remis aux autorités américaines qui le transfèrent dans la prison de Guantanamo Bay, sur l’île de Cuba. En septembre 2002, alors qu’il est incarcéré depuis plusieurs mois à Guantanamo, Kurnaz reçoit la visite de deux représentants du Bundesnachrichtendienst (services de renseignement allemands). Ceux-ci établissent un rapport à l’intention de leurs supérieurs, dans lequel ils concluent que Kurnaz ne représente aucune menace pour la sécurité des Etats-Unis ou de l’Allemagne. Pourtant, les supérieurs de ces deux officiels ne sont pas du même avis et lors d’une réunion des différents chefs des services de renseignement présidée par l’actuel ministre Frank-Walter Steinmeier en octobre 2002, ils déclarent que Kurnaz représente encore une menace et décident ainsi de ne pas le rapatrier. Du fait qu’il présidait cette réunion, Steinmeier est considéré comme responsable des décisions prises par celle-ci. Steinmeier a cependant été «couvert» par l’ancien ministre de l’Intérieur, Otto Schily, qui a invoqué le fait qu’à l’époque, les éléments recueillis contre Kurnaz pouvaient laisser croire qu’il représentait une menace: en effet, Kurnaz aurait quitté l’Allemagne seulement quatre jours avant le début de l’offensive américaine avec un billet acheté avec les moyens d’un ami qui aurait eu des liens avec les Talibans, aurait avant son départ acheté des jumelles et aurait mentionné son intention de visiter des écoles coraniques au Pakistan… alors qu’il ne parle pas la langue du pays. Cette version a également été défendue par le chef adjoint des services de renseignement allemands, Bernhard Falk.
b) Du point de vue du gouvernement également, ces révélations vont probablement avoir un impact négatif sur les plans de l’actuel ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble pour renforcer la législation sécuritaire. Celui-ci propose en effet différentes mesures, très controversées, par exemple d’abattre en vol des avions détournés par des terroristes, d’autoriser à titre préventif des écoutes téléphoniques ou de s’engager dans la lutte contre le terrorisme international à l’intérieur du pays. On notera également que Wolfgang Schäuble a été sous les feux de la critique récemment après avoir affirmé dans un entretien accordé au magazine Stern que la «présomption d’innocence n’est pas valable dans la lutte contre le terrorisme».
c) D’autre part, il est fort probable que ces nouveaux éléments joueront un rôle positif, mais indirect (Klar ayant été condamné à perpétuité pour sa participation à l’assassinat de Buback, son rôle précis n’étant pas décisif) dans la demande de grâce de Christian Klar. A cet égard, on notera également que le fils de Siegfried Buback s’est prononcé publiquement en faveur de sa libération, affirmant que, même si cela ne jouait pas un rôle d’un point de vue pénal «pour les proches, c’est la personne qui a tiré qui est responsable». Dans cette perspective, on peut considérer comme un premier pas dans cette direction la décision du tribunal de première instance de Karlsruhe qui a annoncé, moins d’une semaine après les révélations du Spiegel, un allègement des conditions de détention de Klar qui lui permet ainsi de se promener (sous surveillance) pendant 8 heures par jour en dehors des murs de sa prison.
4. Un débat qui n’aura pas lieu? RAF et “pornographie”
Dans les lignes précédentes, nous avons mentionné les conséquences possibles des dernières révélations autour de l’assassinat de Siegfried Buback: débat autour de la gestion politique du terrorisme, obstacle aux projets du ministre de l’Intérieur ou contribution à la libération de Christian Klar.
Sur la base de certains commentaires, il est également intéressant de relever un débat qui n’aura peut-être pas lieu: le rôle des médias dans l’omniprésence de la RAF ces dernières semaines. A cet égard, nous citerons deux exemples parus dans des médias allemands influents: d’une part, les réflexions du journaliste Bernd Ulrich dans l’hebdomadaire Die Zeit qui refuse d’aborder le sujet et d’autre part un éditorial paru dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui regrette «l’efficacité propagandiste» de la RAF, sans pour autant se poser la question des causes de cette efficacité.
Dans un éditorial en première page intitulé «Die RAF als Porno» («la RAF en tant que pornographie») (Die Zeit, 26 avril 2007), Bernd Ulrich fustige Peter-Jürgen Boock, les anciens membres de la RAF et leur recherche continue de publicité et d’attention.
Pour lui, «l’histoire de la RAF s’est transformée en pornographie politique», une pornographie politique dictée d’une part par les anciens acteurs de la RAF eux-mêmes, mais surtout par le «coterrorisme du public», son «voyeurisme» et les politiciens (de droite) qui ne peuvent s’empêcher de donner leur avis sur la question à tout bout de champ. Même s’il reconnaît du bout des lèvres la responsabilité des médias dans la naissance de cette pornographie politique (il affirme que «la spirale du profit autour de la violence ne peut être interrompue que si la politique arrête de l’instrumentaliser et si les médias se distancient des intérêts et attitudes de la scène autour de la RAF»), Ulrich semble plus intéressé par la critique du monde politique et du voyeurisme du public que par une réflexion sur son propre travail.
Dans une veine similaire, Reinhard Müller décrit dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung les anciens de la RAF comme «les vétérans d’une bande de meurtriers toujours efficaces en termes de propagande» et regrette que le «pouvoir de la RAF semble ininterrompu». Selon Müller, c’est la «RAF qui a les cartes en main» alors que l’Etat ne fait que réagir. Pour lui, la discussion autour de la demande de grâce autour de Klar n’est qu’une preuve supplémentaire «de la place privilégiée dont bénéficie la RAF dans l’Etat de droit».
Au contraire d’Ulrich qui admet – presque en passant – l’importance de la presse pour la RAF, Müller ne mentionne à aucun moment ce rôle dans l’octroi de cette «place privilégiée» à la RAF.
Cette «cécité médiatique» (on pourrait parler d’une semi-cécité dans le cas d’Ulrich) est troublante: en effet la relation presque symbiotique entre médias et terrorisme constitue depuis longtemps une évidence qui devait soulever de nombreuses questions (pour quelques réflexions sur le sujet, cliquer ici).
Même si les médias ne semblent pour l’instant pas intéressés par leur rôle dans l’omniprésence de la RAF, on peut cependant signaler ici les propos de la vice-présidente du Bundestag, Petra Pau, rapportés dans la Süddeutsche Zeitung, qui déclare que «les médias et le public doivent se demander dans quelle mesure ils offrent une plateforme à des criminels qui ont été condamnés».
Conclusion: Zora la Rousse et travail de mémoire
Au-delà du cas Klar, le débat actuel autour de l’assassinat de Siegfried Buback doit être interprété dans un cadre plus général de travail de mémoire de la République fédérale autour de la question du terrorisme de gauche et de sa gestion.
On notera que ce travail de mémoire n’est pas nécessairement aussi douloureux que dans le cas Klar et celui de la RAF: en effet, dans son compte-rendu du jugement d’une des dernières membres du groupe Rote Zora («Zora la Rousse»), le journal Die Zeit parle d’une «réunion d’anciens élèves» («Klassentreffen») et d’une atmosphère «détendue» (Die Zeit, No17, 19 avril 2007, p.66).
Rota Zora («Zora la Rousse») – un groupe allemand qui s’était prononcé en faveur de la violence à la fin des années 1970 – était considéré comme le bras féministe armé des Revolutionäre Zellen (Cellules révolutionnaires). Même si les actions du groupe n’avaient pas fait de victimes (comme dans le cas du Weather Underground américain) Rote Zora s’était rendu responsable de 45 attentats (incendies ou attentat à l’explosif) entre 1977 et 1995 contre des bâtiments et des objets, tels que sex shops, laboratoires de recherche en génétique ou entreprises internationales considérées comme opprimant les femmes. Les attentats visaient exclusivement des objets et non des personnes.
Dans leur jugement de l’une des dernières protagonistes de Rote Zora, Adrienne G., 58 ans, qui avait vécu dans la clandestinité pendant près de 20 ans après deux attentats manqués en 1986 et 1987, les juges ont pris en considération le fait que personne n’avait été tué et que les faits remontaient aux années 1980. Ils ont cependant considéré l’ancienne combattante comme ayant fait partie d’une organisation terroriste et l’ont condamné à deux ans de réclusion avec sursis.
Cette condamnation marque probablement un des derniers chapitres du travail de mémoire de la République autour du terrorisme d’extrême gauche: en effet, à l’exception de la discussion autour de la RAF et des procès encore en cours contre des membres des Cellules révolutionnaires, les anciens activistes semblent avoir accepté leur défaite et s’être adapté aux nécessités du capitalisme.
C’est ce que déclare ainsi une ancienne membre de Rote Zora qui a tourné le dos à la violence et à la lutte: «nous avons perdu, il faut simplement l’accepter» (Die Zeit, 19 avril 2007, p.66).
Jean-Marc Flükiger