Avoir sous la main un dictionnaire des groupes terroristes aide à se repérer dans le foisonnement des mouvements et dénominations. La nouvelle édition d’une Encyclopédie des terrorismes et violences politiques vient de paraître.
Nous devons ce volume au labeur de bénédictin de Jacques Baud, surtout connu pour son Encyclopédie du renseignement et des services secrets (3e éd., 2002). Jacques Baud avait déjà publié en 1999 une encyclopédie des terrorismes beaucoup plus mince: 260 pages, alors que le volume nouvellement paru chez Lavauzelle en compte 752! Les lecteurs familiers avec l’Encyclopédie du renseignement y retrouveront une structure et une présentation très semblables. Un système de fléchage permet en outre de savoir immédiatement s’il s’agit ou non d’un mouvement toujours en activité – certains groupes terroristes sont éphémères. Des graphiques, tableaux, cartes et autres appuis visuels éclairent le propos.
Le travail fourni est considérable: l’on devine qu’il a sans doute coûté bien des nuits blanches à l’auteur! Le livre se fonde entièrement sur des sources ouvertes, patiemment rassemblées: livres, articles de presse, etc.
Nous avons trouvé un intérêt particulier aux notices présentant des techniques et concepts: c’est un genre dans lequel l’auteur se montre informé et à l’aise, manifestant une clarté et une rigueur bienvenues. Excellente initiative d’intégrer de telles notices, à côté de celles – beaucoup plus nombreuses – consacrées à des mouvements.
Nous pouvons citer par exemple l’excellente synthèse d’une douzaine de pages sur les “Armes des mouvements terroristes“, ou les notices “Bombes” (12 pages), “Contre-terrorisme“, “Contre-subversion“, “Terrorisme nucléaire“. Ce ne sont que quelques exemples – et, à ces sujets attendus par le lecteur, s’en ajoutent d’autres, qui ne manquent pas d’intérêt et que l’on découvre avec curiosité: par exemple, les six pages consacrées aux “Barrières anti-infiltration“. A vrai dire, en fermant le volume, l’on peut se demander s’il n’y aurait pas eu lieu de rassembler ces notices en y ajoutant d’autres pour créer un autre livre: un lexique technique du terrorisme et du contre-terrorisme.
Le volume contient également des articles sur des pays, permettant d’avoir un rappel sommaire des phases d’activités terroristes contemporaines dans chacun d’eux. Tous les pays du monde ne sont pas couverts, mais l’on trouvera la plupart de ceux sur lesquels un lecteur peut souhaiter disposer de tels aperçus, de l’Allemagne aux USA en passant par la Colombie, la France, l’Italie et plusieurs autres.
Quant aux groupes eux-mêmes, Jacques Baud est aussi exhaustif qu’on peut l’être dans une telle entreprise, considérable pour les ressources d’un seul auteur et par définition jamais complète ou achevée. Bien sûr, il ne lui est pas possible de connaître tous les groupes dont il parle – sans même imaginer une connaissance directe peu aisé, il paraît difficile d’avoir accès aux communiqués, manifestes et autres documents produits par tous ces groupes. Même recoupée, l’information demeure inévitablement dépendante des sources sur lesquelles l’auteur a pu s’appuyer, par définition de qualité et d’ampleur variables. Certaines notices sont donc précises et structurées, d’autres moins, ou dans certains cas se résument à deux lignes.
Un autre problème inévitable est celui de la délimitation. Beaucoup de lecteurs pressés imagineront que tous les décrits sont terroristes, ou au moins potentiellement des soutiens du terrorisme. Or, ce n’est pas sans raison que l’auteur a ajouté aux terrorismes (le pluriel est judicieux) les “violences politiques“. Un certain nombre de mouvements mentionnés dans les pages de cette encyclopédie ne sont donc pas des groupes terroristes.
Quoi qu’il en soit, le livre de Jacques Baud représente un outil bien conçu pour une première information ou pour replacer rapidement des groupes sur la “carte des terrorismes”. Il remplit donc sa fonction de dictionnaire et a sa place dans toute documentation de base sur ce sujet en français.
Jacques Baud, Encyclopédie des terrorismes et violences politiques, Paris, Lavauzelle, 2003 (752 p.).