Depuis quelque temps, les services de renseignement de plusieurs pays s’intéressent de plus près aux universités: pas seulement parce qu’il pourrait se trouver parmi des étudiants étrangers l’un ou l’autre suspect de terrorisme, mais aussi en raison de risque de voir des laboratoires universitaires involontairement fournir à des groupes douteux le matériel qui leur est nécessaire.
Il est toujours délicat pour les services de sécurité de toucher aux universités, jalouses de leur indépendance. Mais les craintes de voir des groupes terroristes recourir à des armes chimiques ou biologiques mettent en évidence la vulnérabilité de certains laboratoires universitaires, selon certaines évalutations. Les mesures de sécurité y seraient en effet souvent moins strictes qu’ailleurs.
De telles craintes avaient été exprimées à la fin de l’année 2002 par la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes britannique. Mais plusieurs responsables universitaires avaient alors jugé ces craintes infondées et déclaré que les agents pathogènes susceptibles d’être utilisés pour des actions terroristes. Ils admettaient en revanche que le contrôle des accès à des matériaux sensibles n’était peut-être pas aussi strict qu’il le faudrait, tout en soulignant le dilemme face auquel ils se trouvent: le libre échange des idées est l’un des rôles essentiels des universités. Des règles trop strictes à l’encontre des étudiants étrangers, par exemple, entraîneraient des conséquences négatives non seulement pour ceux-ci, mais pour les progrès de la recherche également.
Les conséquences de la “guerre contre le terrorisme” et du USA PATRIOT Act (acronyme pour: “Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism“) – promulgué le 26 octobre 2001 – se font cependant sentir aussi sur les campus dans plusieurs domaines. Le USA Patriot Act permet en effet différents types de surveillance et introduit certaines restrictions.
Le FBI s’attache ainsi à développer des relations régulières avec les responsables de la sécurité des universités américaines, notamment pour repérer d’éventuelles infiltrations de terroristes sous couverture étudiante. Des bureaux régionaux du FBI ont demandé aux universités locales des listes détaillées d’enseignants et étudiants étrangers. Ces initiatives ont suscité des critiques de membres de la communauté universitaire, qui craignent les conséquences de tels développements pour l’atmosphère sur les campus et pour le libre échange des idées.
Cependant, dans le contexte de la “guerre contre le terrorisme” et du traumatisme subi par les Etats-Unis en septembre 2001, la majorité de la population américaine se montre prête à admettre des mesures qui auraient encore paru inacceptables à beaucoup il y a deux ans, malgré les protestations prévisibles d’organisations de gauche qui crient au “nouveau maccarthysme“.
Une autre dimension prise en compte par le FBI est le risque de voir des universités se transformer en cibles pour des groupes terroristes, comme l’a affirmé le directeur du FBI le 10 février dernier. Au mois de décembre 2002 s’est ainsi tenue à Washington une conférence sur les armes de destruction massive et le terrorisme destinée au personnel de sécurité des universités américaines – un thème que l’on n’aurait guère imaginé pour un tel auditoire avant septembre 2001.
Les sites web de plusieurs universités rassurent à cet égard leurs étudiants et soulignent que la présence d’un nombre accru de membres du personnel de sécurité en uniforme sur les campus s’inscrit également dans la perspective de mesures préventives pour prévenir – autant que possible – des attentats sur des campus. Cependant, comme le souligne une étude d’un collaborateur de l’Université de Floride, Responding to the Threat of Campus Terrorism, une variété de facteurs rendent le degré de menace potentielle très variable d’une université à l’autre [cette petite étude n’est plus accessible sur le site d’origine, mais peut encore être consultée grâce à Internet Archive: https://web.archive.org/web/20030419005835/http://www.naspa.org/netresults/PrinterFriendly.cfm?ID=995 – 07.06.2016].