Au mois de mars 2003 devrait s’ouvrir le procès depuis longtemps attendu de l’attentat commis en 1985 par des extrémistes sikhs contre un avion d’Air India, faisant 329 victimes. L’un des accusés vient d’admettre sa participation à la préparation de l’attentat.
Le 23 juin 1985, le vol Air India 182 en provenance de Montréal explosa au-dessus de l’Irlande. Aucune des 329 personnes se trouvant à bord ne survécut. Le même jour, à l’aéroport de Narita (Tokyo), un sac en cours de transfert vers un autre vol d’Air India explosa en tuant deux employés de l’aéroport.
L’enquête s’orienta rapidement vers des milieux extrémistes de la diaspora sikh en Colombie britannique (Canada). Non seulement le séparatisme sikh se trouvait alors en pleine ébullition, mais l’assaut des troupes indiennes en 1984 contre le Temple d’Or d’Amritsar – lieu le plus saint de la religion sikh, dans lequel se retranchaient des militants extrémistes – avait porté ces sentiments à leur paroxysme: Indira Gandhi elle-même, premier ministre de l’Inde, était tombée sous les balles de gardes du corps sikhs en octobre 1984.
Parmi les personnes arrêtées en 1985 déjà dans le cadre de l’enquête se trouvait Inderjit Singh Reyat. Il fut cependant relâché, alla s’installer en Grande-Bretagne, d’où il fut finalement extradé au Canada. Il fut condamné en 1991 à dix ans de prison pour implication dans l’explosion de Narita. En l’an 2000, la police canadienne arrêta Ajaib Singh Bagri et Ripudaman Singh Malik dans le cadre de l’enquête à propos des deux engins explosifs. Et en 2001, à quelques jours de la fin de sa peine, Reyat fut inculpé pour implication dans l’attentat contre vol 182 d’Air India.
Le 10 février 2003, Reyat a déclaré à la Cour suprême de Colombie britannique – lors d’une audience non agendée – qu’il avouait sa participation à cet attentat et plaidait coupable. Il a aussitôt été condamné à cinq ans de prison. Plusieurs observateurs estiment que sa démarche indique que Reyat serait prêt à témoigner contre les deux autres accusés – qui affirment être innocents – mais son avocat le dément et affirme qu’il n’y a eu aucun arrangement de ce genre.
Reyat a reconnu devant la Cour qu’il avait acquis en mai et juin 1985 du matériel destiné à fabriquer des produits explosifs. Il aurait été convaincu que ces engins seraient utilisés en Inde contre des bâtiments ou d’autres cibles du même type, mais pas pour tuer. Il n’aurait pas lui-même fabriqué les engins et ignorait – affirme-t-il – qu’ils seraient placés à bord d’un avion. Il prétend d’ailleurs ne pas savoir qui le fit.
Dans l’immédiat, la condamnation à une peine de prison jugée relativement légère cause l’émotion et l’irritation de familles de victimes, déjà mécontentes de la très longue durée de l’enquête.
L’attentat de 1984 et plusieurs autres actions violentes d’extrémistes sikhs sont associés au groupe Babbar Khalsa, qui avait été fondé au Canada en 1978. L’activisme sikh pour un Etat indépendant – le “Khalistan” – a cependant beaucoup faibli ces dernières années. En outre, l’actuel contexte de la guerre contre le terrorisme lui est moins favorable que jamais: comme l’avait relaté terrorisme.net, tant Babbar Khalsa que l’International Sikh Youth Federation ont été placés en 2002 par les Etats-Unis sur la liste des entités terroristes internationales.
Les pages sur l’attentat contre le vol d’Air India sur le site de la Police montée canadienne, qui offre une récompense d’un million de dollars pour tout information permettant d’aboutir à la condamnation des coupables:
www3.telus.net/airindiataskforce/ [cette page n’existe plus, mais reste accessible grâce à Internet Archives, en consultant les années 2002-2003 notamment: https://web.archive.org/web/*/www3.telus.net/airindiataskforce/ – 06.06.2016]