Au début du printemps 2002, à la suite d’une enquête qui a duré toute une année, la police sud-africaine a arrêté et présenté à la justice plusieurs membres de cellules d’extrême-droite. Ces activistes sont accusés de terrorisme. Ils avaient l’intention de commettre des attentats, et notamment de faire sauter un barrage, afin de causer une situation chaotique à la faveur de laquelle ils pourraient renverser le gouvernement du président Thabo Mbeki. De nouvelles informations ont été rendues publiques cette semaine.
La police sud-africaine avait arrêté plusieurs suspects (fin mars-début avril 2002) dans le cadre d’une enquête opportunément baptisée “Operation Zealot”. D’autres suspects ont été interpellés ce mois même. Des organes de presse sud-africains ont publié cette semaine de nouvelles précisions sur cette affaire. “Bizarre“: c’est l’adjectif utilisé par le Sunday Times de Johannesburg, dans ses informations quotidiennes du 18 août 2002, et c’est en effet le mot qui semble le plus adéquat pour décrire la nature de ce “complot” – ou plutôt de ces complots, au pluriel, car il s’agissait de deux groupes, sans liens apparents entre eux.
“Israel Vision”: un groupuscule chrétien extrémiste
L’un des groupes aurait été constitué de personnes appartenant à un petit groupe religieux afrikaner, “Israel Vision”. Selon différentes sources, ce groupe s’inscrirait dans la ligne idéologique des “Eglises de l’identité” (Identity Churches), c’est-à-dire des mouvements convaincus que les Blancs (ou une partie d’entre eux descendent des Dix Tribus Perdues d’Israël. Contrairement aux courants plus anciens de l’israélisme britannique (British Israelism), dont ils s’approprient l’héritage, ils intègrent dans leur idéologie une dimension antisémite et – généralement – une forte méfiance à l’égard du gouvernement. De tels groupes sont particulièrement répandus aux Etats-Unis et ne forment nullement une organisation unique, mais s’éparpillent entre différentes tendances, qui suivent différents chefs. Ils ne dérivent pas tous vers la violence, notent les experts, même si les théories qu’ils agitent constituent un terrain à risque.
La cellule sud-africaine poursuivie par la justice se proposait de faire exploser un barrage au mois d’avril 2002. D’autres barrages devaient exploser également et, à en croire des informations publiées en avril, le groupe aurait voulu saboter des infrastructures gouvernementales, dans l’espoir (sans doute illusoire, mais souvent cultivé dans de tels cercles) de susciter une situation de guerre civile, qui déboucherait sur l’établissement d’un régime blanc en Afrique du Sud.
“Document 12” – un plan d’action terroriste?
L’autre groupe était constitué d’un fermier, d’un ex-policier et d’un ex-enseignant universitaire. Plusieurs autres personnes – dont des officiers des forces armées sud-africaines – ont été arrêtées depuis et accusées de complicité.
Selon les nouvelles informations publiées par le Sunday Times, la police sud-africaine aurait transmis à la justice un plan détaillé d’action sur lequel elle aurait mis la main, intitulé “Document 12”. Rêvant de recruter une armée rebelle et d’établir un régime militaire, les suspects envisageaient une action en cinq étapes, y compris des attentats. A la deuxième étape, des actions auraient dû frapper la communauté blanche et être attribuées à des éléments juifs ou musulmans. Par la suite, les comploteurs auraient voulu provoquer une panne d’électricité de plusieurs jours, tandis que des commandos auraient éliminé un certain nombre de “traîtres”
D’autres soucis plus immédiats
Inutile de dire que la vraisemblance de voir l’établissement d’un gouvernement militaire blanc dans l’Afrique du Sud d’aujourd’hui est quasiment nulle. La probabilité de rassembler un groupe numériquement important était tout aussi faible. En revanche, comme plusieurs autres cas l’ont déjà montré, de petits groupes motivés qui ne représentent pas une menace stratégique peuvent en revanche créer de sérieux troubles ou commettre des actions ayant un fort impact. Tout en se gardant de surévaluer l’affaire, il convient de prêter attention aux types d’actions imaginées par les instigateurs.
Pour l’instant, les autorités sud-africaines ont d’autres préoccupations de sécurité plus immédiates. Le Sommet mondial pour le développement durable va s’ouvrir à Johannesburg le 26août. De très nombreux visiteurs étrangers seront présents. La ville est marquée par un taux de criminalité élevé, avec tous les soucis que cela implique pour la sécurité des visiteurs. D’importantes forces de police ont été mobilisées.
Les manifestations antimondialisation et leurs dérives toujours possibles représentent une autre source de préoccupation: les manifestations de protestation se verront strictement encadrées et ne pourront utiliser que des itinéraires soigneusement définis.
Enfin, à l’approche du premier anniversaire du 11 septembre, les services de renseignements sud-africains sont particulièrement attentifs à prévenir tout risque d’opération terroriste – qu’il s’agisse de terrorisme domestique ou international. Les forces de sécurité se trouvent donc sur pied de guerre pour faire face à toute éventualité.
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